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Le bar à poèmes
19 octobre 2024

François Pétrarque / Francesco Petrarca (1304 - 1374) : « Comme un pauvre vieillard... / Movesi il vecchierel...

Carte maximum de France 1956

 

Comme un pauvre vieillard quitte, pâle et chenu,

Le doux lieu où il va tout son âge accompli

Laissant en désarroi une tendre famille

Qui voit qu’elle a perdu un père bien-aimé,

 

Et ensuite s’en va, en traînant son vieux corps

Tout au long des journées extrêmes de sa vie,

S’aide de son vouloir autant qu’il peut le faire,

Epuisé par les ans et du chemin lassé,

 

Et vient à Rome, obéissant à son désir

De pouvoir contempler l’image de Celui

Qu’il espère là-haut recevoir encore au ciel,

 

Ah ! de même aujourd’hui je vais parfois cherchant,

Autant que je le peux, ô dame, chez les autres,

La forme vraie de vous, objet de mon désir.

 

 

Traduit de l’italien par André Rochon

In, « Anthologie bilingue de la poésie italienne »

Editions Gallimard (Pléiade), 1994

 

Il part : le vieillard blême et chenu quitte

Les lieux cléments où s’écoula son âge,

Laissant les siens, surpris, se désoler

De voir un père à leur amour manquer.

 

Et il s’en va, traînant ses flancs antiques

Le long des jours ultimes de sa vie,

Du mieux qu’il peut, s’aidant de bon vouloir,

Las du chemin et tout rompu d’années.

 

Il vient à Rome en suivant son désir,

Pour contempler l’image de Celui

Qu’il a l’espoir de voir encore au Ciel.

 

Ainsi, lassé, parfois je cherche en d’autres,

Madame, pour autant qu’il est possible,

Votre forme que seule je désire.

 

 

Traduit de l’italien par Jean-Yves Masson

in, revue « Europe, N° 902-903, juin-juillet 2004 »

 

     Il s’en va, le pauvre vieillard chauve et blanc, loin du doux lieu où s’est

accompli son âge, loin de la tendre famille qui se désole en se voyant

abandonnée de son bien-aimé père.

     Puis de là, traînant ses flancs antiques, à travers les dernières journées de

sa vie, autant qu’il le peut, il s’aide de sa bonne volonté, tout rompu des ans

et lassé du voyage.

     Et il arrive à Rome, conduit par son désir, pour y contempler l’image de

Celui qu’il espère revoir encore dans le ciel.

     Hélas ! ainsi parfois, Madame, je vais m’efforçant, autant qu’il est possible,

de retrouver en autrui l’image fidèle de vote beauté désirée.

 

 

Traduit de l’italien par le comte Ferdinand Léopold de Gramont

In, Pétrarque : « Canzoniere »

Editions Gallimard (Poésie), 1983

Du même auteur :

« Quand parfois, au milieu d’autres dames… / « Quando fra l'altre donne ad ora ad ora… » (30/08/2017)

« La vie fuit... » / « La vita fugge... » (21/02/2019)

« A chaque pas je me tourne en arrière... » / « Io mi rivolgo indietro a ciascun passo... » (19/10/2021)

 De mon visage il pleut larmes amères... » / « Piovonmi amare lagrime dal viso... » (19/10/2022)

« La douceur des coteaux... » / « Je dolci colli... » (19/10/2023)

 

Movesi il vecchierel canuto et biancho

Del dolce loco ov’à sua età fornita

Et da la famigliuola sbigottita

Che vede il caro padre venir manco ;

 

 

Indi trahendo poi l’antiquo fianco

Per l’extreme giornate di sua vita,

Quanto più pò, col buon voler s’aita,

Rotto dagli anni, et dal camino stanco ;

 

 

Et viene a Roma, seguendo ’l desio,

Per mirar la sembianza di colui

Ch’ancor lassù nel ciel vedere spera :

 

 

Così, lasso, talor vo cerchand’io,

Donna, quanto è possibile, in altrui

La disïata vostra forma vera.

Poème précédent en italien :

Salvatore Quasimodo : Dialogue / Dialogo (06/10/2024)

 Poème suivant en italien :

Antonia Pozzi: Légère offrande / Lieve offerta (14/11/2024)

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