Klaus Rifbjerg (1931 – 2015) : Portrait
Portrait
gêné, insolent fier
retourné sur moi
chambre d’échos
mon cri ma réponse
dressé derrière
l’éventail musclé de ton ventre
être cubique
sans cesse en ébullition sans cesse pétri
chute de lumière sur de vastes surfaces
activités rendements supérieurs
déchets généreux
grands sacrifices des premières heures
devenu navire ailes de moulin à vent
voile livrée à la brise marine
baleine dans la poche du gulfstream
tour jaillissant de l’eau
tu es hissée
et tu échoues doucement sur un banc de sable
poitrine qui se dilate
respiration en battements d’ailes d’albatros
tes bancs de sable enserrent des côtes
et la terre c’est toi
dans les marbrures de maquereau des douleurs de l’enfantement
alors tourne cette terre créatrice
de surfaces de chutes de soleil
parfum de térébenthine avoine gneiss
balancement d’une mer douce jaune
où le blé s’ouvre en silence
et la baleine suit tranquille
son poisson-pilote
Traduit du danois par Carl Gustaf Bjurstrom et Lucie Albertini,
In, Revue « Les Lettres Nouvelles, Numéro spécial, décembre 1973 – janvier 1974 »
Editions Denoël, 1974