Joseph Freiherr von Eichendorff (1788 – 1857) : Nuit de lune / Mondnacht
Nuit de lune
Il semblait que le ciel
Eût embrassé doucement la terre
Et que, dans le miroitement des fleurs,
Elle ne pût que rêver de lui.
La brise errait par les champs,
Les épis ondulaient tendrement,
Les forêts murmuraient à mi-voix,
Toute la nuit était illuminée d’étoiles.
Alors mon âme ouvrit
Tout grand ses ailes
Et s’envola par-delà des terres de silence,
Comme si elle volait vers sa maison.
Traduit de l’allemand par Rémi Laureillard
In, « L’Allemagne en poésie »
Editions Gallimard (Folio junior), 1982
Nuit de lune
On eût dit que sans bruit le ciel
avait embrassé la terre,
pour que dans la clarté des fleurs
elle ne rêvât plus que de lui.
La brise passait sur les champs,
les blés ondoyaient avec grâce,
les forêts bruissaient doucement,
les astres éclairaient tant la nuit.
Et mon âme vaste éployait
largement ses ailes,
volait par les campagnes calmes,
et comme revenant chez elle.
Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »
Editions Gallimard (La Pléiade), 1995
Mondnacht
Es war, als hätt’ der Himmel
die Erde still geküstt,
dass sie im Blütenschimmer
von ihm nur träumen müsst !
Die Luft ging durch die Felder,
die Ähren wogten sacht,
es rauschten leis’ die Wälder,
so sternklar war die Nacht.
Und meine Seele spannte
weit ihre Flügel aus,
flog durch die stillen Lande,
als flöge sie nach Haus.
Gedichte,
Verlag von Duncker und Humblot, Berlin, 1837
Poème précédent en allemand :
Jacob van Hoddis : Matin / Morgens (09/07/2024)
Poème suivant en allemand :
Achim von Arnim : Ravissement matinal / Morgendliches Entzücken (13/12/2024)