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Le bar à poèmes
19 août 2024

Joseph Freiherr von Eichendorff (1788 – 1857) : Nuit de lune / Mondnacht

 

 

Nuit de lune

 

Il semblait que le ciel

Eût embrassé doucement la terre

Et que, dans le miroitement des fleurs,

Elle ne pût que rêver de lui.

 

La brise errait par les champs,

Les épis ondulaient tendrement,

Les forêts murmuraient à mi-voix,

Toute la nuit était illuminée d’étoiles.

 

Alors mon âme ouvrit

Tout grand ses ailes

Et s’envola par-delà des terres de silence,

Comme si elle volait vers sa maison.

 

Traduit de l’allemand par Rémi Laureillard

In, « L’Allemagne en poésie »

Editions Gallimard (Folio junior), 1982

 

Nuit de lune

 

On eût dit que sans bruit le ciel

avait embrassé la terre,

pour que dans la clarté des fleurs

elle ne rêvât plus que de lui.

 

La brise passait sur les champs,

les blés ondoyaient avec grâce,

les forêts bruissaient doucement,

les astres éclairaient tant la nuit.

 

Et mon âme vaste éployait

largement ses ailes,

volait par les campagnes calmes,

et comme revenant chez elle.

 

 

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre

In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

 

Mondnacht

Es war, als hätt’ der Himmel

die Erde still geküstt,

dass sie im Blütenschimmer

von ihm nur träumen müsst !

 

Die Luft ging durch die Felder,

die Ähren wogten sacht,

es rauschten leis’ die Wälder,

so sternklar war die Nacht.

 

Und meine Seele spannte

weit ihre Flügel aus,

flog durch die stillen Lande,

als flöge sie nach Haus.

 

Gedichte,

Verlag von Duncker und  Humblot, Berlin, 1837

Poème précédent en allemand :

Jacob van Hoddis : Matin / Morgens (09/07/2024)

Poème suivant en allemand :

Achim von Arnim : Ravissement matinal / Morgendliches Entzücken (13/12/2024)

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