Ronald Stuart Thomas (1913 – 2000) : Ce qu’on voit par la fenêtre / The View from the window
Ce qu’on voit par la fenêtre
Cela se présente à la façon d’un tableau devant soi,
En moins fragile, sans âge : chaque jour
Les couleurs se renouvellent avec des variations
De lumière et de distance qu’aucun peintre
Ne peut reproduire ou suggérer. Puis tout bouge.
Tout change quand avec lenteur les bleus du nuage
Guérissent sous le soleil, quand la neige couronne
Les idées noires : cependant l’or du soir
Remplit le cœur de joie. Depuis le début de l’histoire
Le grand pinceau n’a pris aucun repos,
Les couleurs n’ont pas séché : quel œil cependant,
Posant un regard froid, ou comme le nôtre en cet instant,
Par la lentille des larmes, a jamais vu
Cette œuvre et ce n’était pas fini ?
Traduit de l’anglais par Paol Keineg
In, R.S. Thomas : « Qui ? »
Editions Les Hauts-Fonds, 29200 Brest
Du même auteur :
Un paysan / A Peasant (18/06/2021)
Dans les collines galloises / The welsh hill country (18/06/2020)
Mort d’un paysan / Death of a Peasant (14/06/2022)
Quatre-vingt dixième anniversaire / Ninetieth Birthday (14/06/2023)
The View from the window
Like a painting it is set before one,
But less brittle, ageless ; the colours,
Are renewed daily with variations
Or light and distance that no painter
Archieves or suggests. Then there is movement,
Change, as slowly the cloud bruises
Are healed by sunlight, or snow caps
A black mood ; but gold at evening
To cheer the heart. All through history
The great brush has no rested,
Nor the paint dried ; yet what eye,
Looking coolly, or, as we now,
Through the tear’s lens, ever saw
This work and it was not finished ?
Poème précédent en anglais :
Seamus Heaney : L’homme de Tollund / The Tollund man (27/05/2024)
Poème suivant en anglais :
Derek Mahon : Image tirée de Beckett / An image from Beckett (22/06/2024)