Ronald Stuart Thomas (1913 – 2000) : La lande / The moor
La lande
C’était pour moi comme une église,
Dans laquelle j’entrai d’un pas précautionneux,
Retenant mon souffle comme on tient en main son chapeau.
Le silence y régnait.
Ce qu’était le Dieu présent là se laissait sentir,
Et non écouter, dans ces teintes limpides
Que faisaient naître à l’œil une trace humide
Dans la course du vent sur la bruyère.
De prière point. Mais le silence
Des passions du cœur – qui est forme
De louange ; ainsi que l’abandon par la pensée
De son royaume. Simple et pauvre,
Je poursuivis ma marche tandis que l’air
Se rompait sur moi en miettes généreuses comme le pain.
Traduit de l’anglais par Marie-Thérèse Castay
In, R.S. Thomas : « Qui ? »
Editions Les Hauts-Fonds, 29200 Brest
Du même auteur :
Dans les collines galloises / The welsh hill country (18/06/2020)
Un paysan / A Peasant (18/06/2021)
Mort d’un paysan / Death of a Peasant (14/06/2022)
Quatre-vingt dixième anniversaire / Ninetieth Birthday (14/06/2023)
Ce qu’on voit par la fenêtre / The View from the window (14/06/2024)
La lande / The moor (14/06/2025)
The moor
It was like a church to me.
I entered ii on soft foot.
Breath held like a cap in the hand.
It was quiet.
What God was there made himself felt,
No listened to, in clean colours
That brought a moistening of the eye,
In movement of the wind over grass.
There were no prayers said. But stillness
Of the heart’s passions – that was praise
Enough ; and the mind’s cession
Of its kingdom. I walked on,
Simple and poor, while the air crumbled
And broke on me generously as bread.
Poème précédent en anglais :
Squires Geoffrey : « (Et toute la difficulté ... » / « (And all the trouble... » (08/06/2025)
Poème suivant en anglais :
Derek Mahon : C’est bien ainsi / This is as it should be (22/06/2025)