Imasango (1964 -) « Je ne sais rien du métissage... »
Photo : Bruno Doucey, Poindimié, 2011
Je ne sais rien du métissage
rien de plus que ce qu’il donne
pour le partage
Je suis un silence habité
je suis pierre décousue en son centre
pour la naissance du rhizome
de nos bras à nos ventres
recevant l’appel du large sur la terre ferme
hanches d’azur et proue de femme-île
où retrouver repos refuge et feu
terre ronde
je tisse la mémoire de ma peau
aux visages qu’ensemence l’histoire
s’arrête ça
sang-mêlé
pierre sacrée
pierre d’aveux
pierre tubercule
pierre cœur donnant
pour que poussent les champs du monde
et naissent d’autres enfants
que tombe la pluie...
pierre d’espérance
quelques mots un signe et notre venue
posant des cils sur les dos trop voûtés
Soins lucides et gestes posés
pieds et mains du quotidien
araucarias algues et manguiers
peaux passerelle de ventres en fleurs
pour que balaie l’orage les couleurs
peaux sombres peaux claires
jusqu’au détour
chargeant le lieu de rives étrangères
clair-obscur de mon âme aimant la tienne
Je ne sais rien du métissage
rien de plus que ce qu’il donne
à mon sang......
(Quand chante le corail)
In, « Chants du métissage »
Editions Bruno Doucey, 2009
De la même autrice : Embastillée d’argile (22/09/2024)