Haizi / 海子 (1964 – 1989) : A la déesse miséricorde de mon cou
A la déesse miséricorde de mon cou
Respire, respire
nous sommes deux petits flacons
remplis d’air chaud
que la déesse a rassemblés
la déesse est cette femme
d’Orient désireuse
de venir en aide
elle ne t’aide qu’une seule fois dans la vie
et cela suffit déjà
c’est par elle
mais par moi aussi
que mes mains touchent à toi, à ta
respiration
deux petites voiles rouges frémissantes
tenues entre mes lèvres :
la déesse le sait
la déesse habite les bosquets de bambou il n’est rien qu’elle ne sache
elle sait pour ce soir
elle sait pour tous les amours
elle sait que l’eau de mer c’est moi
qui lave tes cils
elle sait que tu es mon corps à respirer, respirer
la déesse consent
la déesse consent de tout ton cœur
aussi m’a-t-elle laissé naître
elle t’a sur le corps que je suis devenu
laissée pendre toute humide
Traduit du chinois par Romain Graziani
In, « le ciel en fuite, anthologie de la nouvelle poésie chinoise »
Editions Circé, 2004
Du même auteur :
Face à la mer (02/07/2018)
Emouvoir (02/07/2019)
Tes mains (02/07/2020)
Le cygne (01/07/2021)
Maison (01/07/2022)