Haizi / 海子 (1964 – 1989) : Le cygne
Le cygne
Dans la nuit, j’entends au loin des cygnes survoler un pont
et l’eau du fleuve dans mon corps
répond
ils survolent les terres de ma naissance, les terres du soir
quand un cygne se blesse
mais seule la brise est au courant
qu’il est déjà blessé lorsque lui vole encore
mais lourde est l’eau dans mon corps
comme ces battants de porche accrochés aux maisons
leur vol passe au-dessus d’un pont lointain
je ne puis leur répondre d’un vol gracieux
ils passent comme la neige, rafale sur le cimetière
mais dans la neige, nulle route menant à ma porte
- le corps est sans portes – il n’y a que les doigts
plantés au cimetière, comme dix bougies meurtries par le froid
sur mes terres,
mes terres de naissance
un cygne se blesse
comme le chante un air d’autrefois
1986
Traduit du chinois par Chantal Chen - Andro
In, « le ciel en fuite, anthologie de la nouvelle poésie chinoise »
Editions Circé, 2004
Du même auteur :
Face à la mer (02/07/2018)
Emouvoir (02/07/2019)
Tes mains (02/07/2020)
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