Salah Stétié (1929 - 2020) : Jardin de l’Un
Sète, festival Voix Vives, juillet 2014
Jardin de l’Un
Il faut l’escargot il faut le liseron
Il faut le froid feuillage et sa rosée
Les murs aussi posés dans la lumière
Et le tissage de nos mains dans la lumière
Sous l’angle dessiné et blanc des amandiers
Où dorment un peu nos impasses – tout cela
Notre respiration
Qui va dans l’infini se nuire et nous dissoudre
Ici je suis. « La lune est mon enfant » (la lune?)
Comme cela fut dit
Ma toute nuit si tendre par l’éclat
Très doucement mon épouse, ma fille
Dans ce lit de roches rompues, muscles noués
Lit de violence naturelle et draps du vent
Cirque de pierre malheureuse et conque fille
Sur qui passe et repasse
L’ombre du rapace inconnu de la mort
Voici enfin l’arrivée des nuages
En qui se fait et se défait la lampe fille
Déjà née de demain ô lampe rouge
En verticalité de jour nocturne
Sur la maison de feu des fous du rève
Leurs draps tordus comme des nébuleuses
Leurs yeux délégation d’oiseaux vers le centre
Ma fille ma colombe
À toi de toi par toi l’étranglement
Cette lampe de givre
Toi-même à demi dénudée sous la feuille
De ce jardin de l’Un
Où va ta nuit aimer ta transparence
Mille fois mon coeur cela brille
Cicatrice incicatrisable et qui palpite
À toi de toi par toi l’étranglement
Sous bien de pluie tombée
En qui sommeil avec le soleil nous dormons
Fièvre et guérison de l’Icône
Editions Unesco / Imprimerie nationale, 1998
Du même auteur :
« Sur le plateau pierreux… » (17/07/2014)
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