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Le bar à poèmes
11 mai 2023

Francisco Brines (1932 -) : L’œil solitaire de la nuit

entrevista_fbrines[1]

 

L’œil solitaire de la nuit

 

Derrière la vitre, l’air obscur est un vol

qui va nulle part

et que personne n’interrompt,

tout est un triangle vide, un silence,

que je veux percer.

Un oiseau d’ombre que je ne vois pas passe

entre les eucalyptus et les astres,

et de ses ailes il heurte le vide :

sourde est l’aile de la vie,

rude est l’aile de mort.

Il a déjà investi la nuit,

et de là il frappe ma poitrine et mes entrailles,

et maintenant on entend le silence

pénétrer, et demeurer, dans le triangle,

là où je n’irai pas,

où je me reflète.

 

J’écris ces mots et je ne comprends pas

pourquoi je ne suis (moi qui ne suis pas)

que la confusion de sourdes sonorités.

 

 

Traduit de l’espagnol par Claude de Freyssinet

In, « Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990 »

Actes Sud / Editions Unesco, 1995 

Du même auteur :

Se regardant dans la fumée / Mirándose en el humo (11/05/2017)

Quand je suis encore la vie / cuando yo aún soy la vida (11/05/2018)

Le pacte qui me reste (11/05/2019)

« Le balcon donne sur le jardin... »  / « El balcón da al jardín... » (10/05/2020)

Scène secrète (11/05/2021)

Vers épiques / Versos épicos (11/05/2022)

Epiphanie romaine (11/05/2024)

 

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