Peter Huchel (1903 – 1983) : Eté écossais / Schottischer Sommer
Eté écossais
« What seemed corporal melted
as breath into the wind »
SHAKESPEARE, MACBETH
Eté écossais,
sous le chêne
assises sèches comme des nattes,
les femmes de Cawdor,
certaines cachées dans la lumière des nuages,
orties fanées dans le sable.
Au-dessus des rochers, à pic,
des coups de trompette, un claquement
remue le ressac.
Brouillard, qui les engendra,
c’est bientôt l’hiver,
bois mince, jamais au repos,
la neige tourbillonne ici et là
et empoussière la solitude.
Décharnées et sombres
avant la suture du soir
elles se tiennent accroupies sur les peaux déchirées.
Lorsque la lune
déplace les aiguilles sur la tour,
elles regardent fixement avec des yeux éteints.
Inhabitable, la tristesse
qui descend sur les brisants.
Traduit de l’allemand par Emmanuel Moses
In, Peter Huchel : « La tristesse est inhabitable »
Editions de La Différence (Orphée), 1990
Du même auteur :
Exil (16/04/2015)
Ferme Thomasset (16/04/2016)
« Sous la houe brillante de la lune… » / Unter der blanken Hacke des Monds… » (16/0420/17)
Origine / Herkunft (16/04/2018)
Le tombeau d’Ulysse / Das Grab des Odysseus (16/04/2019)
Le moissonneur polonais / Der polnische schnitter (16/04/2020)
Znorovy (16/04/2021)
Île du sud / Südliche insel (16/04/2022)
Monnaie de Bir-El-Abbas / Münze aus Bir El Abbas (16/04/2024)
Schottischer Sommer
« What seemed corporeal melted
äs breath into the wind »
SHAKESPEARE, MACBETH
Schottischer Sommer,
unter der Eiche
zopftrocken
sitzend die Weiber aus Cawdor,
manche verborgen im Licht der Wolken,
abgeblühte Nesseln im Sand.
Über die Felsen herab
Trompetenstösse, ein Klirren
wühlt die Brandung auf.
Nebel, der sie erzeugte,
bald ist es Winter,
dünnes, nie ruhendes Holz,
der Schnee fegt hin und her
und stäubt die Öde an.
Dürr und düster
vor der goldenen Naht des Abends
hocken sie auf zerrissenen Fellen.
Wenn der Mond
die Zeiger verrückt am Turm,
starren sie mit erloschenen Augen.
Unbewohnbar die Trauer,
die an den Klippen verebbt.
Die neunte Stunde,
Suhrkamp verlag, Frankfurt/Main, 1972
Poème précédent en allemand :
Selma Meerbaum-Eisinger : Rêves / Träume (09/02/2023)
Poème suivant en allemand :
Yvan Goll : « Et toi, poète... » / « Und du, Dichter... » (25/05/2023)