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Le bar à poèmes
16 avril 2025

Peter Huchel (1903 -1981) : La nasse à étoiles / Die Sterneureuse

 

 

La nasse à étoiles

 

 

Toujours là-haut, lune d’un autre temps ?


Tu flottais, bien ronde, lorsque jeune encore


j’ai habité près d’un fleuve,


où seule l’eau vivait avec moi.


L’eau résonnait, elle était chant,


je puisais et l’âme écoutait


l’eau qui bondissait, tumulte, entre les pierres,


jaillissement d’écume qui chutait à grand bruit.


Deux roches, pour ainsi dire bruinées de suie,


abruptes et resserrées comme une écluse,


en ce temps encore encadraient le fleuve.


Dans l’eau pendait la nasse à étoiles.


Je soulevais la nasse de la faille,


scintillaient des espaces de cristal,


nageait la verte forêt des algues,


je pêchais l’or et confiais mes rêves au fleuve.


Ô gorge du monde, le torrent de l’eau


venait comme un chant : était-ce cela ma vie ?


En ce temps-là, je voyais dans l’immensité obscure


toute proche la nasse à étoiles flotter.

 

 

 

Traduit de l’allemand par Maryse Jacob et Arnaud Villani

 

1n, Revue Po&sie, N°38

 

Belin éditeur, 1986


Du même auteur :


Exil (16/04/2015)


Ferme Thomasset (16/04/2016)


« Sous la houe brillante de la lune… » / Unter der blanken Hacke des Monds…

» (16/0420/17)


Origine / Herkunft (16/04/2018)


Le tombeau d’Ulysse / Das Grab des Odysseus (16/04/2019)


Le moissonneur polonais / Der polnische schnitter (16/04/2020)


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Monnaie de Bir-El-Abbas / Münze aus Bir El Abbas (16/04/2024)

 

 

Die Sternenreuse

 


Daß du noch schwebst, uralter Mond?

 

Als jung noch deine Scheibe schwebte,

 

hab ich an einem Fluß gewohnt,

 

wo nur das Wasser mit mir lebte.

 

Das Wasser schwoll, es war Gesang,

 

ich schöpfte und mein Atem lauschte,

 

wie es um Steine tönend sprang

 

und schäumend schoß und niederrauschte.

 

Zwei Felsen, wie betäubt von Ruß

 

und steil und schmal wie eine Schleuse,

 

umstanden damals noch den Fluß.

 

Im Wasser hing die Sternenreuse.

 

Ich hob die Reuse aus dem Spalt,

 

es flimmerten kristallne Räume,

 

es schwamm der Algen grüner Wald,

 

ich fischte Gold und flößte Träume.

 

O Schlucht der Welt, des Wassers Schwall

 

kam wie Gesang: war es mein Leben?

 

Damals sah ich im dunkeln All

 

ganz nah die Sternenreuse schweben.

 

 

 


Die Sternenreuse

 

R.Piper & Co verlag, München, 1967

 

 

Poème précédent en allemand :

 

Friedrich Hölderlin : Souvenir / Andenken (06/02/2025)

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