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Le bar à poèmes
21 décembre 2022

Izanne (19? - ) : Lilith. Chant IV

f-98a-59ef03a217eb0[1]Photo de Izanne

 

Lilith (Chant IV)

 

Je suis

l’étoile de la bergère

la louve qui sort de sa tanière

la salive de la rage

la plume dans le goudron

le sable sous les pavés

la foudre sans le tonnerre

la main d’Inanna

l’enfant de la cité d’Akkad

la poussière de Ninsikila

le sein de Marie Magdalène

la reine de Zmargad

la promesse de la moisson

pas la moisson

l’annonce de la mousson

pas la mousson

l’élixir, le poison

et l’antidote

à ma guise

la pâmoison

le mirage de l’extase

la passion de Caïn

et le sang d’Abel

l’égérie des infidèles

le pustule de vos remords

le poison melliflu

les délices démoniaques

le baiser vénéneux

le coït expiatoire

l’épectase des vieillards

l’idole des sybarites

l’opprobre de sa caste

la pythie de l’orgasme

l’incantation des secrets

le vacarme des non-dits

le cratère qui crache la lave

comme le vagin

de l’infertile verse

des larmes de sang

et je défie Moïse

de s’y frayer un chemin

et j’invite à boire

au calice de la création

de la récréation

de la procrastination

à se donner du plaisir

 

Je suis

l’étrangère impie

qui erre en tenue d’Eve

du côté de la mort

la profanatrice

des alcôves

à la tombée

de la nuit de noces

 

Dieu a sept noms

moi je suis sept femmes

une pour chacun

de leurs péchés

une pour chacune

des merveilles des sept mondes

et plus encore

 

Rien n’arrête ce qui n’a pas commencé

rien ne commencera si l’on n’arrête pas

tout continuera juste de recommencer

à proclamer

la victoire par chaos

à venger

les âmes bafouées

à soumettre

les faibles

bannir

les renégats

renier

les bâtards

jeter

les résidus de fausse couche

dans la fulgurance universelle

des béatitudes

des supplices

pour les siècles des siècles

et tandis que chaque parcelle de leur peau

sera fripée, flétrie

attendant le suaire ou la chaux

leur mont de vénus

un terrain vague déserté

je ne prendrai pas une ride

avec un diadème de sperme

sur mes cheveux épars

mes seins pointant vers l’infini

de la jouissance

de la souffrance

et de l’errance entre les deux

 

Alors dans un dernier souffle

en brisant les miroirs

kaléidoscopes des illusions

et de la vanité

c’est mon nom

qui brûlera vos lèvres

dans l’élan fébrile

d’un dernier baise

Lilith !

Une femme donc volubile

Quand je parle de son talon

Il vient pleurer dans mon giron

Alors je dis qu’il est balaise

Pour le mettre bien à son aise

Il n’a pas une vie facile.

 

Depuis que l’homme est homme

A lui-même il fait allégeance

Il voit ce qu’il veut dans les runes

La gloire, l’amour et la thune

Depuis que Rome n’est plus Rome

Et pour retrouver sa confiance

Qu’il fume un’ blonde, boiv’ une brune

Sa féminité l’importune.

 

Parole d’Evangelle

Sans Crispations éditions

22000 Saint-Brieuc, 2022

 

De la même autrice :Lilith (Chant III) (21/12/2023)

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