Anise Koltz (1928 - 2023) : Galaxies intérieures (I)
Galaxies intérieures
L’océan d’où j’étais sortie
il y a des millions d’années
se réveille en moi
quand je t’aime
Dans mes étreintes
je laisserai sur ton corps
des restants de coquillages
Ton lit sera recouvert
d’une fine couche de sable
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Le monde continue à tourner
dans mes rêves
Des orbites de paroles
décrivent une poésie étrange
J’ai des galaxies intérieures
L’univers alourdit
chacune de mes paroles
J’ignore pour qui
pour quoi je vis
J’ignore pour qui
pour quoi je meurs
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D’où suis-je venue ?
Je suis simple
et électrique
Quel esprit m’a donné
mon esprit ?
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Mes mains
sont sans géométrie aucune
mais le monde entier
est inscrit
dans mes paumes
Qui sait
qui je suis ?
Mes empreintes digitales
changent chaque jour
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Ma tête tourne
autour de soleils inconnus
Je m’éloigne de plus en plus
de moi-même
divisée
en de nouvelles possibilités
de lumière
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J’explore ma tête
là où les pensées
deviennent impensables
enfouies
dans les sombres marécages
de mon cerveau
Le temps inscrit
ses images
Je cherche des mots adéquats
pour construire
des espaces de silence
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Aucune légende
n’est la mienne
Personne ne terminera
mon histoire
Mon passé
sans retour
se mêlera à la terre
Toute cette vie :
une équation
qui reste à démontrer
Je marche
en moi-même
sans jamais arriver
L’invisible me poursuit
Dans la géographie
de mon cerveau
l’impensable
où réside t-il ?
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Mon âge m’alourdit
ma mémoire est périmée
Je me regarde
regarder
les paysages empilés
sous mes paupières
Le désert est une terre
d’absence
de silence
Une nuit cloutée
éclaire cet espace désaffecté
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Soleil sans fin
cloué dans le ciel
je m’ouvre à ta distance
La distance
étant notre proximité
Tu te lèves
et te couches avec moi
Chaque rayon
désigne une soif
qui me dépasse
qui me fait exister
Dès notre naissance
nous avons flairé le sang
Les images du déluge
tapissent encore
notre mémoire
Nous marchons sans repères
suspendus au monde
par une épingle de sûreté
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Entre le blanc de la page
et mon écriture
s’est installé
un morceau d’enfer
dernier vestige du ciel
Le langage travestit
la réalité
Les mots ne couvrent pas
les objets
La vérité apprise
n’est qu’une fiction du réel
Quel destin se cache
sous mes paupières closes ?
Invente-t-il
une autre réalité du monde ?
Les séquences se suivent
d’après un ordre nouveau
Alertant le sang
orchestrant des apparences trompeuses
Des constellations défilent
devant mon écran intérieur
Des personnages apparaissent
formés de la matière de l’ombre
Jusqu’à ce que la nuit émigre
devant l’apparition du jour
Les battements de mon cœur
marquent le rythme
de mes poèmes
La respiration du monde
s’y accélère
La page brûle
sans brûler
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Depuis ma migration
à travers tant de corps
les siècles s’entassent
sur mes os
Mon ombre se cogne
à chaque paroi
Le monde est virtuel
Le visible
Reste invisible
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Galaxies intérieures
Editions Arfuyen, 2013
De la même autrice :
Un monde de pierres (I) (08/11/2021)
Un monde de pierres (II) (07/05/2022)
Galaxies intérieures (II) (07/05/2023)
Soleils chauves (08/11/2023)
Je renaîtrai (1) (07/05/2024)
Je renaîtrai (2) (08//11/2024)