Robert Desnos (1900 -1945) : Les sources de la nuit
Robert Desnos, camp de concentration de Theresienstadt (Terezin), 1945.
Les sources de la nuit
Les sources de la nuit sont baignées de lumière.
C’est un fleuve où constamment
boivent des chevaux et des juments de pierre
en hennissant.
Tant de siècles de dur labeur
aboutiront-ils enfin à la fatigue qui amollit les pierres ?
Tant de larmes, tant de sueur,
justifieront-ils le sommeil sur la digue ?
Sur la digue où vient se briser
le fleuve qui va vers la nuit,
où le rêve abolit la pensée.
C’est une étoile qui nous suit.
À rebrousse-poil, à rebrousse-chemin,
Étoile, suivez-nous, docile,
et venez manger dans notre main,
Maîtresse enfin de son destin
et de quatre éléments hostiles.
(Les portes battantes, 1936)
Fortunes
Editions Gallimard, 1942
Du même auteur :
J’ai tant rêvé de toi (06/08/2014)
Les espaces du sommeil (06/08/2015)
Ô douleurs de l’amour ! (06/08//2016)
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