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Le bar à poèmes
27 décembre 2021

Friedrich Gottlieb Klopstock (1724 – 1803) : Les tombes précoces / Die frühen Gräber

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Les tombes précoces

 

Bienvenue, ô lune d’argent

   Compagne silencieuse et belle de la nuit.

      Tu fuis ? Ne te presse pas, reste, amie de mes pensées !

          Vois, elle reste, seule la nuée s’en allait.

 

Le réveil de Mai n’en est

   Que plus beau encore, tout comme la nuit d’été,

      Lorsque à sa boucle perle une rosée lumineuse,

         Et qu’il vient rougeoyant poindre sur la colline.

 

Ô vous, nobles parmi les nobles, une mousse

   Sinistre vient déjà recouvrir vos tombeaux.

      Ô comme j’étais heureux quand avec vous encore

         Je voyais rougeoyer le jour, et scintiller la nuit.

 

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre

In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

Du même auteur :

La nuit d’été / Die Sommernacht (28/12/2020)

 

Die frühen Gräber

 

Willkommen, o silberner Mond,

   Schöner, stiller, Gefährt der Nacht!

      Du entfliehst? Eile nicht, bleib, Gedankenfreund!

         Sehet, er bleibt, das Gewölk wallte nur hin.

 

Des Maies Erwachen ist nur

   Schöner noch wie die Sommernacht,

      Wenn ihm Thau, hell wie Licht, aus der Locke träuft,

         Und zu dem Hügel herauf röthlich er kömt.

 

Ihr Edleren, ach es bewächst

   Eure Maale schon ernstes Moos!

      O wie war glücklich ich, als ich noch mit euch

         Sahe sich röthen den Tag, schimmern die Nacht.

 

 

Poème précédent en allemand :

Paul Celan : « La nuit, quand le pendule de l’amour... » / « Nachts, wenn das Pendel der Liebe... » (01/12/2021)

Poème suivant en allemand :

Clemens Brentano : « Il y a longtemps ce me semble... » / « Es sang vor langen Jahren... » (29/01/2022)

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