Friedrich Gottlieb Klopstock (1724 – 1803) : Les tombes précoces / Die frühen Gräber
Les tombes précoces
Bienvenue, ô lune d’argent
Compagne silencieuse et belle de la nuit.
Tu fuis ? Ne te presse pas, reste, amie de mes pensées !
Vois, elle reste, seule la nuée s’en allait.
Le réveil de Mai n’en est
Que plus beau encore, tout comme la nuit d’été,
Lorsque à sa boucle perle une rosée lumineuse,
Et qu’il vient rougeoyant poindre sur la colline.
Ô vous, nobles parmi les nobles, une mousse
Sinistre vient déjà recouvrir vos tombeaux.
Ô comme j’étais heureux quand avec vous encore
Je voyais rougeoyer le jour, et scintiller la nuit.
Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »
Editions Gallimard (La Pléiade), 1995
Du même auteur :
La nuit d’été / Die Sommernacht (28/12/2020)
Die frühen Gräber
Willkommen, o silberner Mond,
Schöner, stiller, Gefährt der Nacht!
Du entfliehst? Eile nicht, bleib, Gedankenfreund!
Sehet, er bleibt, das Gewölk wallte nur hin.
Des Maies Erwachen ist nur
Schöner noch wie die Sommernacht,
Wenn ihm Thau, hell wie Licht, aus der Locke träuft,
Und zu dem Hügel herauf röthlich er kömt.
Ihr Edleren, ach es bewächst
Eure Maale schon ernstes Moos!
O wie war glücklich ich, als ich noch mit euch
Sahe sich röthen den Tag, schimmern die Nacht.
Poème précédent en allemand :
Paul Celan : « La nuit, quand le pendule de l’amour... » / « Nachts, wenn das Pendel der Liebe... » (01/12/2021)
Poème suivant en allemand :
Clemens Brentano : « Il y a longtemps ce me semble... » / « Es sang vor langen Jahren... » (29/01/2022)