Armin Senser (1964 -) : A la mémoire de Joseph Brodsky / Zum Gedenken an Joseph Brodsky
A la mémoire de Joseph Brodsky
(mort le 28 janvier 1996)
I
Elle ne tombera pas
la tension des gratte-ciel. Les artères
souterraines ne perdront pas leurs nerfs. Ni
ne se tariront sous la ville les rivières
Les façades ne porteront pas
le noir. Les Bourses ne se
tairont pas et en mesure les cœurs des
feux rouges continueront à battre.
Les circonstances engendreront des
expressions d’après des intuitions et
dans les périodiques que la conscience
calcine.
Des sirènes feront taire les
cloches des églises, les humains les humains
dans la vie et au-delà de la mort.
Le temps au temps n’intentera point de procès.
II
Ce à quoi l’homme ne se
risque à rêver : chaque mort,
proche ou lointaine, derrière elle
laisse la vie et emporte la vie.
Suivra encore jours après l’autre,
la chance tentée sans
relâche de s’en tenir au libre arbitre
sans préjudice.
Subsisteront encore les malades du cœur,
des ventres affamés et la
souffrance par le bonheur non abusée, le
bonheur non point par la souffrance employé.
Le temps ne suppose-t-il point la vie ?
Et combien plus alors l’éternité
requiert-elle la vie.
III
La mort, le rebord du
miroir, dans lequel les
âmes se mirent, de leur
propre lumière.
Hormis de mesquines
dimensions, le ciel
acquiert une nouvelle face, façonnée,
au ciseau de la Poésie.
Peut-être nous as-tu instruit,
car seuls les enfants ont le droit
de ne pas tenir de promesses,
à la mort de ne faire nulle promesse.
Tu es désormais une partie
des puissants qui, violents
fléchissent le temps, jusqu’à ce que
sur la vérité il achoppe du pied.
Traduit de l’allemand par Philipe-Henri Ledru
In, « La poésie allemande contemporaine »
Editions Seghers / Goethe-Institut Inter Nationes, Paris, 2001
Du même auteur : Eglogue / Egloge (11/10/2020)
Zum Gedenken an Joseph Brodsky
Der Blutdruck der Wolkenkratzer
wird nicht fallen. Untergrundbahnen
ihre Nerven nicht verlieren. Die
Flüsse unter der Stadt nicht versiegen.
Fassaden werden keine Trauer
tragen. Die Börsen werden nicht
schweigen und die Herzen der
Ampeln weiter im Takt schlagen.
Ereignisse werden Wörter
hervorbringen nach Gefühlen und
in Zeitungen, die das Bewußtsein
verbrennt.
Sirenen werden Kirchglocken zum
Schweigen bringen, Menschen Menschen
im Leben und über den Tod hinaus.
Die Zeit wird Zeiten nicht belangen.
II
Wovon der Mensch nicht zu
träumen wagt : Jeder Tod, ob
nah oder fern, hinterläßt
Leben und nimmt Leben mit.
Folgen wird noch Tag auf Tag,
das Glück immer wieder zu
versuchen, das sich schadlos
am freien Willen hält.
Bleiben werden noch Herzkranke,
hungrige Bäuche und das
Leid, vom Glück nicht geprellt, das
Glück, nicht vom Leid angestellt.
Setzt Zeit nicht Leben voraus ?
Und um wievel mehr benötigt
dann die Ewigkeit Leben.
III
Der Tod, die Kante des
Spiegels, worin sich die
Seelen spiegeln mit ihrem
eigenen Licht.
Von kleinlichen Dimensionen
abgesehen, bekommt der
Himmel ein neues Gesicht, geformt
vom Meißel der Poesie.
Vielleicht lerntest Du uns,
Weil nur Kinder keine Versprechen
halten müssen, dem
Tod nichts zu versprechen.
Du bist jetz ein Teil
der Gewaltigen, die die
Zeit beugen, bis sie über
die Wahrheit stolpert.
Grosses Erwachen
Carl Hauser Verlag, Munich, 1999
Poème précédent en allemand :
Friedrich Hölderlin : Fête de la paix / Friedensfeier (01/08/2021)
Poème suivant en allemand :
Wolfdietrich Schnurre : Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (I) / Neue Gedichte 1965 – 1979 (I) (28/11/2021)