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Le bar à poèmes
28 janvier 2021

Walt Whitman (1819 – 1892) : Salut au monde !

withman_usa[1]

 

Salut au monde !

 

1

Oui, prends ma main Walt Whitman !

Vois-tu la miraculeuse chaîne de merveilles ? tous ces spectacles, tous ces

     bruits ?

Toutes ces mailles interminablement tressées entre elles, agrafées l’une à   

     l’autre,

Chacune renvoyant a la prochaine, partageant avec toutes les autres l’univers !

Dis-moi ce qui s’épanouit en toi Walt Whitman ?

Dis-moi l’humidité des vagues et des terreaux en toi Walt Whitman !

Dis-moi les climats, les villes, les personnes qui sont présents !

Et les petits-enfants, qui sont-ils dis-moi, les uns jouent, les autres sont   

     assoupis ?

Les filles, dis-moi qui sont les filles, qui sont les femmes mariées ?

Et les groupes de vieillards marchant lentement bras autour du cou l’un de

     l’autre, hein qui sont-ils ?

Tu connais ces rivières n’est-ce pas ? tu connais ces forêts et ces fruits ?

Tu connais le nom de ces montagnes qui montent si haut dans la brume, dis-

     moi ?

Et ces millions de maisons dis-moi encore qui les habite ?

 

2

S’épanouissent en moi les latitudes, s’allongent les longitudes,

A l’Est l’Asie, l’Afrique, l’Europe – pour l’Amérique sa place est toute

     désignée à l’Ouest,

Pour enceindre le ballonnement ventru de la terre il y a l’équateur brûlant,

Quand aux extrémités de l’axe, bizarrement, ce sont Nord et Sud, qui tournent

     le manège,

J’ai tout aussi à l’intérieur le jour le plus long, le soleil qui ne se couche plus

     pendant des mois, ses révolutions décrivant des cercles à l’oblique,

Et puis tendu par l’effort en moi, à heure fixe, le soleil de minuit qui monte

     au-dessus de l’horizon avant de replonger tout aussitôt,

Lez zones, les océans, les cataractes, les forêts, les volcans, les espèces sont en

     moi,

Malaisie, Polynésie, avec aussi les vastes îles Antilles.

 

3

Dis-moi Walt Whitman ce que tu entends ?

 

J’entends le journalier qui chante et l’épouse du fermier qui chante.

J’entends dans le lointain les cris des enfants et ceux des animaux, le jour est à

     peine commencé,

J’entends les cavaliers australiens s’encourager de la voix à la poursuite du

     cheval sauvage,

J’entends l’Espagnol danser au rythme des castagnettes à l’ombre des

     marronniers, rebec et guitare en sourdine,

J’entends une cascade d’échos ininterrompus depuis la Tamise,

J’entends les Français aux accents farouches chanter la liberté,

J’entends de la bouche du gondolier italien jaillir le récitatif mélodieux d’un

     ancien poème,

J’entends les sauterelles s’abattre sur grain et herbe en Syrie, de leur nuée

     désastreuses

J’entends l’hymne copte au coucher du soleil, mélancolique et rythmique

     méditation que réfléchit vénérablement en son sein l’eau maternelle noire

     du Nil,

j’entends au Mexique le muletier qui siffle, j’entends aussi les clochettes de la

     mule,

J’entends l’appel du muezzin arabe lancé au sommet de la mosquée

J’entends les prêtres chrétiens aux autels de leurs églises, j’entends le répons de

     la basse à la soprano,

J’entends les hurlements des Cosaques, la voix d’un marin à l’embarquement à

     Okhotsk,

J’entends le sifflement d’un fouet à esclaves sur le passage cadencé de groupes

     d’hommes athlétiques enchaînés poignets et chevilles par deux ou trois,

J’entends le juif lire son Talmud et ses psaumes,

J’entends les mythes grecs rythmés, les impressionnantes légendes romaines,

J’entends qu’on me raconte la vie divine et la mort sanglante du beau dieu

     Jésus-Christ,

J’entends l’Hindou faire enseignement à son disciple favori, récits de guerres,

     adages composés il y a trois mille ans, parvenus intacts jusqu’à nous.

 

4

Maintenant, ce que tu vois Walt Whitman ?

Les gens à qui tu dis bonjour, les gens qui l’un après l’autre te disent bonjour,   

     dis-nous qui sont-ils ?

Je vois une grande boule merveilleuse qui roule sur elle-même dans l’espace,

Je vois de minuscules fermes, hameaux, ruines, cimetières, prisons, usines,

     palais, grabats, huttes barbares, tentes nomades à sa surface,

Je vois sa moitié qui est encore dans l’ombre, les dormeurs y dorment et je vois

     son autre moitié qui est éclairée,

Je vois l’échange rapide entre la lumière et la nuit,

Je vois les terres lointaines, lesquelles d’ailleurs ne sont pas moins réelles ou

     proches à leurs habitants que ne l’est à moi mon pays.

 

Je vois riche abondance d’eaux,

Je vois pics de montagnes, sierras des Andes en leur chaîne,

Je vois très nettement Himalaya, Chian Shahs, Altays, Ghauts,

Je vois pinacles abrupts de l’Elbrouz, du Kazbek, du Bazardjusi,

Je vois Alpes styriennes, Alpes Karnac,

Je vois Pyrénées, Balkans, Carpates, au nord Dofrafield, très au large en mer le

     mont Hekla,

Je vois Vésuve et Etna, montagnes de la Lune, montagnes rouges de

     Madagascar,

Je vois déserts de Lybie, d’Arabie, d’Asie,

Je vois redoutables icebergs d’Arctique et d’Antarctique,

Je vois océans des latitudes supérieures ou inférieures, Atlantique et Pacifique,

     Golfe du Mexique, mer des Sargasses, mer du Chili,

Ondes de l’Hindoustan, de la mer de Chine, du golfe de Guinée,

Mer du Japon, magnifique panorama de la baie de Nagasaki enfermée au creux

     de ses montagnes,

Surfaces de la Baltique, de la Caspienne, de Botnie, côtes britanniques, golfe

     du Lion,

Méditerranée au soleil clair, et de l’une à l’autre de ses îles,

Mer d’Azov, mer des rivages du Groenland.

 

J’ai dans les yeux les marins du monde entier,

Il y en a qui essuient des tempêtes, d’autres montent le quart de nuit au poste

     de vigie,

D’autres encore dérivent sans espoir de secours, d’autres ont des maladies

     contagieuses.

 

J’ai dans les yeux les voiles et les vapeurs du monde entier, leur foule dans les

     ports, leur solitude en mer,

Les uns doublent le cap des Tempêtes, d’autres le cap Vert, d’autres les caps de

     Guardafui, Bon ou Bojador,

D’autres la pointe de Dondra, d’autres doublent le détroit de la Sonde, d’autres

     le cap Lopatka, d’autres le détroit de Béring,

D’autres sont au Cap Horn, d’autres font route dans le golfe du Mexique ou en

     vue de Cuba ou d’Haïti, d’autres sont dans la baie d’Hudson ou bien celle

     de Baffin,

D’autres traversent la Manche, d’autres entrent dans le Wash, d’autres le golfe

     de Solway, d’autres contournent le cap Clear, d’autres sont au cap Land’s

     End,

D’autres traversent le Zuyderzee, sont l’embouchure de l’Escaut

D’autres vont dans les deux sens à Gibraltar, aux Dardanelles,

D’autres courageusement font route entre les glaciers du nord,

D’autres descendent ou bien remontent l’Obi, la Lena,

D’autres, c’est le Niger ou le Congo, d’autres l’Indus, le Brahmapoutre ou le

     Cambodge,

D’autres sont machine en attente dans les ports d’Australie,

Attendent à Liverpool, Glasgow, Dublin, Marseille, Lisbonne, Naples,

     Hambourg, Brême, Bordeaux, La Haye, Copenhague,

Attendent à Valparaiso, Rio de Janeiro, Panama

 

5

J’ai dans le regard les voies des chemins de fer de la terre,

Les chemins de fer de Grande-Bretagne, ceux d’Europe,

Ceux d’Asie, ceux d’Afrique.

 

J’ai dans le regard des lignes électriques et télégraphiques de la terre,

J’ai dans le regard ces filaments où courent des nouvelles des guerres, des

     morts, des pertes, des gains,  de toutes les passions de ma race.

 

J’ai dans le regard les longs rubans d’eau de la terre,

Dans le regard l’Amazone et le Paraguay,

Dans le regard les quatre grands fleuves de Chine, Amour, fleuve jaune, Yang-

     Tseu, rivière des Perles,

Dans le regard les lits de la Seine, du Danube, de la Loire, du Rhône, du

     Guadalquivir,

Dans le regard les boucles de la Volga, du Dniepr, de l’Oder,

Dans le regard le Toscan qui descend l’Arno, le Vénitien filant sur l’onde du

     Pô,

Dans le regard le voilier grec sortant de la baie d’Egine

 

6

J’ai dans le regard les anciens empires d’Assyrie, de Perse et de l’Inde,

J’ai dans le regard les chutes du Gange sur la falaise altière de Saukara,

J’ai dans le regard le lieu où naquit l’idée de la Divinité s’incarnant par

     avatar dans la forme humaine,

J’ai dans le regard la succession des prêtres sur la terre, leurs oracles, leurs

     sacrifices, les brahmanes, les sabéens, les lamas, les moines, les muftis,

     les exhortateurs,

J’ai dans le regard les bosquets de Mona que parcouraient les druides, dans

     le regard le gui et la verveine,

J’ai dans le regard les temples contenant les corps morts des dieux, dans le

     regard les vieux symboles.

 

J’ai dans le regard le Christ mangeant le pain lors de la Cène au milieu des

     jeunes et vieux,

J’ai dans le regard le puissant athlète juvénile Hercule accomplissant

     ponctuellement ses longs travaux avant de périr,

J’ai dans le regard les lieux du florissant Bacchus, le fils nocturne à la vie de

     luxe et de richesse mais au destin infortuné,

J’ai dans le regard la beauté de Kneph en sa robe bleue et sa couronne de

     plumes sur la tête,

J’ai dans le regard Hermès l’insoupçonnable au moment de sa mort dans

     l’affection générale, recommandant

     Qu’on ne pleure pas pour lui,

Puisque ce n’était pas son pays véritable dont il avait vécu banni et qu’à

     présent il rejoignait,

Rejoignant les sphères célestes où chacun retournera à son heure.

 

7

J’ai devant moi les champs de bataille du monde entier, l’herbe y pousse avec

     les fleurs au milieu du blé,

J’ai devant moi les routes des vieilles mais aussi des nouvelles explorations,

J’ai devant moi les mystérieuses franc-maçonneries, les messages de

     vénérables évènements demeurés inconnus, héros, exploits demeurés

     inconnus de toute la terre.

 

J’ai devant moi le paysage des sagas,

J’ai devant moi les pins et les sapins tordus par les ouragans du nord,

J’ai devant moi les falaises, les éboulis de granit, devant moi les prairies vertes

     avec leurs lacs,

J’ai devant moi les cairns funéraires des guerriers scandinaves,

Je les vois surgissant très haut devant moi avec leurs pierres sur le rivage

     d’océans démontés pour que les morts qu’ennuierait le calme de leur

     tombe puissent plus facilement, leur esprit traversant les tertres, contempler

     d’en haut le jeu tumultueux des vagues, être rassérénés par les tempêtes,

     l’immensité, la liberté, l’action.

 

J’ai sous les yeux les steppes asiatiques,

J’ai sous les yeux les tombelaines de Mongolie, les tentes kalmoukes ou

     bachkires,

J’ai sous les yeux les tribus de nomades poussant leurs troupeaux de bœufs et

     de vaches,

J’ai sous les yeux les hauts plateaux crevés de ravins, jungles et déserts sous les

     yeux,

J’ai sous les yeux chameaux, coursiers sauvages, outardes, moutons à queue

     touffue, antilopes, chiens fouisseurs,

 

J’ai sous les yeux les hautes terres d’Abyssinie,

Sous les yeux les troupeaux de chèvres broutant, sous les yeux figuiers,

     tamaris et dattiers,

Sous les yeux les champs de blé à grain dur, espaces de verdure et d’or.

 

J’ai devant moi le spectacle du vaquero du Brésil

Devant moi le spectacle du Bolivien faisant l’ascension du mont Sorata,

Devant moi le spectacle du Gaucho galopant dans ses plaines, devant moi

     l’incomparable cavalier lasso au bras,

Devant moi les pampas où s’engage la poursuite avec les troupeaux libres au

     cuir tellement convoité.

 

8

Zones de neige et de glace sous mes yeux à présent,

Samoyèdes ou Finnois aux regards aigus,

Chasseurs de phoques sur leur kayak, harpons prêts à frapper,

Sibériens sur leur traîneau léger que tirent des chiens,

Chasseurs de dauphins, équipes de baleiniers dans le Sud-Pacifique ou

    l’Atlantique Nord,

Glaciers, falaises, torrents des vallées suisses – je sais les longs hivers dans

     l’isolement.

 

9

Les cités de la terre je m’y fonds, m’y promène au hasard,

Suis un vrai Parisien,

Un Viennois, un citoyen de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Constantinople,

D’Adélaïde, de Sydney, de Melbourne,

De Londres, de Manchester, de Bristol, d’Edimbourg, de Limerick,

De Madrid, de Cadix, de Barcelone, de Porto, de Lyon, de Bruxelles, de Berne,

     de Frankfort, de Stuttgart, de Turin, de Florence,

Ai pour patrie Moscou, Cracovie, Varsovie ou tout au nord Christiana ou

     Stockholm, ou encore Irkoutsk en Sibérie, ou bien me retrouve dans une rue

     d’Islande,

Donc je m’enfonce dans toutes ces villes, j’y descends puis j’en remonte.

 

10

Il y a des exhalaisons de vapeurs qui montent au-dessus des contrées

     inexplorées,

J’y distingue les faciès sauvages, arc et flèches leurs armes, ou bien silex à

     pointe empoisonnée, leur fétiche, l’obi.

 

Villes d’Afrique, d’Asie défilent devant moi,

Alger, Tripoli, Derna, Mogador, Tombouctou, Monrovia, Pékin, Canton,

     Bénarès, Delhi, Calcutta, Tokyo et leurs multitudes,

Le Kruman dans sa hutte, le Dahoméen, l’Achanti dans leurs huttes, défilent

     devant moi,

Comme le Turc fumant sa pipe d’opium à Alep,

Les foules bariolées aux foires de Khiva ou d’Hérat,

Téhéran Mascate et Médine, les intervalles de sable qui les séparent, les

     caravanes cheminant péniblement dans leurs directions.

Comme l’Egypte, les Egyptiens, les pyramides, les obélisques,

Les glyphes ciselés dans la pierre, grès, granit, disant l’histoire des conquêtes

     royales, des dynasties,

Comme les puits aux momies de Memphis, cadavres embaumés enveloppés de

     bandelettes de lin enterrés là depuis de millénaires,

Tel ce Thébain déchu, pupilles dilatées, cou mollement fléchi sur le côté, mains

     croisées sur le cœur.

 

Les domestiques de la terre, peinant au labeur, tous devant moi !

Devant moi les prisonniers dans leurs prisons,

Devant moi les corps humains affligés de déformations.

Aveugles, sourds-muets, idiots, bossus, lunatiques,

Devant moi pirates, voleurs, traîtres, meurtriers, esclavagistes universels.

Devant moi petits enfants sans défense, vulnérables vieillards, hommes ou

     femmes.

 

Masculin et féminin, partout,

Paisible confrérie des philosophes,

Génie constructeur de ma race,

Fruits de la persévérance, de l’industrie de ma race,

Rangs, couleurs, barbaries ou civilisations, partout je suis chez moi, à tout

     m’agrège sans discrimination,

Salue unanimement les habitants de notre terre.

 

11

Toi qui que tu sois !

Ou bien la fille ou bien le fils de l’Angleterre !

Que tu viennes des puissantes tribus de l’empire slave ou sois Russe de Russie,

Ou que tu proviennes de l’Afrique obscure, toi le Noir à l’âme divine, au corps

     et au visage déliés, au port de tête majestueux, mon frère en destinée que je

     mets sur un pied d’égalité avec moi.

Oui toi le Norvégien, le Suédois, le Danois, l’Islandais, le Prussien.

Toi l’Espagnol d’Espagne, toi Portugais,

Toi la Française de France, toi le Français de France,

Toi le Belge, toi le Néerlandais jaloux d’indépendance (c’est là que j’ai mon

     origine, ma souche familiale) ;

Toi l’Autrichien solide, toi le Lombard, le Hun, le Bohémien, le fermier de

     Styrie,

Toi le voisin du Danube,

Toi le journalier du Rhin, de l’Elbe, de la Weser, toi la travailleuse itou,

Toi le Sarde, le Bavarois, le Souabe, le Saxon, le Valaque, le Bulgare,

Toi le Romain, le Napolitain le Grec !

Toi le souple matador des arènes de Séville,

Toi le montagnard qui vis sans loi sur le Taurus ou le Caucase,

Toi le Bokh vigilant gardien de tes juments et étalons en pâture,

Toi le Perse au corps splendidement en selle décochant tes flèches sur la cible 

     au grand galop de ta monture,

Toi le Chinois, toi la Chinoise de Chine, toi le Tatare de la Tatarie,

Toi et toi et encore toi femmes de la terre soumises à vos tâches,

Toi le Juif entreprenant malgré ton grand âge un voyage risqué pour retrouver

     un jour le sol de la Syrie,

Toi tes autres frères juifs attendant en d’autres terres la venue du Messie,

Toi l’Arménien pensif réfléchissant quelque part au bord du courant de

     l’Euphrate, ou toi, qui scrutes les ruines de Ninive, toi qui gravis la

     montagne Ararat,

Toi le pèlerin aux pieds usés qui salues à l’horizon les minarets étincelants de

     La Mecque,

Toi le cheik gouvernant tribu et famille entre Suez et Bab-el-Mandeb,

Toi planteur d’oliveraie soignant tes arbres aux prairies de Nazareth, de

     Damas, au lac de Tibériade,

Toi marchand tibétain voyageant vers les plateaux ou commerçant aux

     boutiques de Lhassa,

Toi Japonais, toi Japonaise, toi homme de Madagascar, de Ceylan, de

     Sumatra, de Bornéo,

Toi continental d’Asie, d’Afrique, d’Europe, d’Australie, et qu’importent les

     lieux,

Vous tous sur les innombrables îles aux archipels des océans,

Vous tous dans les siècles futurs qui m’écouterez d’où je parle,

Vous tous, toi et chacun, où que vous soyez, que j’oublierais nominalement

     et à qui je m’adresse tout aussi bien,

Santé et salut, bonheur et bienveillance à tous depuis l’Amérique !

 

Chacun de nous ici-bas est inévitable,

Chacun de nous est illimité – chacun de nous est dans son droit, lui ou elle,

Chacun de nous aura accès aux finalités éternelles,

Chacun de nous possède la divinité suprême.

 

12

Toi le Hottentot qui cliques ta langue contre ton palais toi l’homme des hordes

     à la chevelure crépue,

Toi l’esclave qui verses larmes de sueur ou larmes de sang,

Toi forme humaine qui as l’épouvantablement insondable apparence sur ton

     visage de l’animal brut,

Toi le misérable koboo méprisé par le dernier des misérables en dépit de tes

     lumineux rudiments de langue et de spiritualité,

Toi le nain du Kamtchatka, du Groenland, de Laponie,

Toi l’aborigène noir d’Australie, nu et enduit de suie d’ocre, lèvres

     proéminentes cueillant ta nourriture à même la poussière,

Toi le Cafre, le Berbère, le Soudanais,

Toi l’erratique Bédouin, aux mœurs rugueuses privées de raffinement.

Et vous grouillante sauterelles humaines de Madras, de Nankin, de Kaboul, du

     Caire,

Toi le nomade d’Amazonie dans ta nuit forestière, toi, le Patagonien, toi

     l’homme  des Fidji,

Je ne ferai jamais passer les autres devant vous dans mes préférences,

Je ne dirai jamais rien contre vous, si profondément en arrière que vous soyez.

(Un seul pas en avant et vous serez à ma hauteur, c’est pour bientôt !)

 

13

Mon esprit de compassion et de détermination voyageant autour du globe

     entier,

J’ai cherché mes égaux mes amant les ai trouvés qui m’attendaient dans toutes

     les terres,

Une relation divine, j’en suis convaincu, m’appariant à eux en toute égalité.

 

Nuages je suis monté au milieu de vous pour me rendre aux continents

     lointains et descendre avec vous, en pluie précises,

Souffles du vent, j’ai soufflé en même temps que vous,

Et vous, vagues, semblablement j’ai caressé avec vos doigts liquides les rives

     les plus reculées,

J’ai parcouru la route que parcourent toutes les rivières, tous les canaux du

     globe,

Je me suis tenu debout au promontoire des péninsules et depuis les hautes

     tables rocheuses j’ai crié :

 

Salut au monde !

Les cités où pénètrent la lumière, la chaleur, j’y pénètre moi aussi,

Les îles que relient les oiseaux sur leurs ailes, j’y vole moi aussi.

Mon salut à vous tous au nom de l’Amérique,

Voici que mon signal, ma main perpendiculairement dressée,

Visible à jamais après moi

Par toutes les demeures, les maisons où habite l’homme.

 

Traduit de l’anglais par Jacques Darras

In, Walt Whitman :"Feuilles d’herbes"

Editions Gallimard (Poésie), 2002

Du même auteur :

 Descendance d’Adam / Children of Adam (27/01/2015)

Chanson de moi-même / Song of myself (28/01/2017)

Drossé au sable / Sea - drift (25/07/2017)

Départ à Paumanok / Starting from Paumanok (28/01/2018)

Envoi / Inscriptions (28/01/2019)

Calamus (28/01/2020)

Chanson de la piste ouverte /Song of the open road (28/01/22)

Sur le bac de Brooklyn / Crossing Brookling ferry (31/07/2022)

La chanson du Grand Répondant - Notre antique feuillage /Song of the answerer / Our old feuillage (28/01/2023)

Chanson des joies / A song of joys (28/01/2024)

 

Salut au monde !

 

1

 

O TAKE my hand Walt Whitman!

Such gliding wonders! such sights and sounds!

Such join'd unended links, each hook'd to the next,

Each answering all, each sharing the earth with all.

 

What widens within you Walt Whitman?

What waves and soils exuding?

What climes? what persons and cities are here?

Who are the infants, some playing, some slumbering?

Who are the girls? who are the married women?

Who are the groups of old men going slowly with their arms about each other's

     necks?

What rivers are these? what forests and fruits are these?

 What are the mountains call'd that rise so high in the mists?

What myriads of dwellings are they fill'd with dwellers?

 

2

Within me latitude widens, longitude lengthens,

 

Asia, Africa, Europe, are to the east—America is provided for in the west,

Banding the bulge of the earth winds the hot equator,

Curiously north and south turn the axis-ends,

Within me is the longest day, the sun wheels in slanting rings, it does not set

     for months,

Stretch'd in due time within me the midnight sun just rises above the horizon

     and sinks again,

 Within me zones, seas, cataracts, forests, volcanoes, groups,

Malaysia, Polynesia, and the great West Indian islands.

 

3

What do you hear Walt Whitman?

I hear the workman singing and the farmer's wife singing,

I hear in the distance the sounds of children and of animals early in the day,

I hear emulous shouts of Australians pursuing the wild horse,

I hear the Spanish dance with castanets in the chestnut shade, to the rebeck and

     guitar,

I hear continual echoes from the Thames,

I hear fierce French liberty songs,

I hear of the Italian boat-sculler the musical recitative of old poems,

I hear the locusts in Syria as they strike the grain and grass with the showers of

     their terrible clouds,

I hear the Coptic refrain toward sundown, pensively falling on the breast of the

     black venerable vast mother the Nile,

I hear the chirp of the Mexican muleteer, and the bells of the mule,

I hear the Arab muezzin calling from the top of the mosque,

I hear the Christian priests at the altars of their churches, I hear the responsive

     base and soprano,

I hear the cry of the Cossack, and the sailor's voice putting to sea at Okotsk,

I hear the wheeze of the slave-coffle as the slaves march on, as the husky gangs

     pass on by twos and threes, fasten'd together with wrist-chains and ankle-

     chains,

I hear the Hebrew reading his records and psalms,

I hear the rhythmic myths of the Greeks, and the strong legends of the Romans,

I hear the tale of the divine life and bloody death of the beautiful God the Christ,

I hear the Hindoo teaching his favorite pupil the loves, wars, adages,

     transmitted safely to this day from poets who wrote three thousand years  

     ago.

 

4

What do you see Walt Whitman?

Who are they you salute, and that one after another salute you?

I see a great round wonder rolling through space,

I see diminute farms, hamlets, ruins, graveyards, jails, factories, palaces,

     hovels, huts of barbarians, tents of nomads uponthe surface,

I see the shaded part on one side where the sleepers are sleeping, and the sunlit

     part on the other side,

I see the curious rapid change of the light and shade,

I see distant lands, as real and near to the inhabitants of them as my land is to me.

I see plenteous waters,

I see mountain peaks, I see the sierras of Andes where they range,

I see plainly the Himalayas, Chian Shahs, Altays, Ghauts,

I see the giant pinnacles of Elbruz, Kazbek, Bazardjusi,

I see the Styrian Alps, and the Karnac Alps,

I see the Pyrenees, Balks, Carpathians, and to the north the Dofrafields, and off

     at sea mount Hecla,

I see Vesuvius and Etna, the mountains of the Moon, and the Red mountains of

     Madagascar,

I see the Lybian, Arabian, and Asiatic deserts,

I see huge dreadful Arctic and Antarctic icebergs,

I see the superior oceans and the inferior ones, the Atlantic and Pacific, the sea

     of Mexico, the Brazilian sea, and the seaof Peru,

The waters of Hindustan, the China sea, and the gulf of Guinea,

The Japan waters, the beautiful bay of Nagasaki land-lock'd in its mountains,

The spread of the Baltic, Caspian, Bothnia, the British shores, and the bay of

     Biscay,

The clear-sunn'd Mediterranean, and from one to another of its islands,

The White sea, and the sea around Greenland.

I behold the mariners of the world,

Some are in storms, some in the night with the watch on the look-out,

Some drifting helplessly, some with contagious diseases.

 

I behold the sail and steamships of the world, some in clusters in port, some on

     their voyages,

Some double the cape of Storms, some cape Verde, others capes Guardafui,  

     Bon, or Bajadore,

Others Dondra head, others pass the straits of Sunda, others cape Lopatka,

     others Behring's straits,

Others cape Horn, others sail the gulf of Mexico or along Cuba or Hayti, others

     Hudson's bay or Baffin's bay,

Others pass the straits of Dover, others enter the Wash, others the firth of

Solway, others round cape Clear, others the Land's End,

Others traverse the Zuyder Zee or the Scheld,

Others as comers and goers at Gibraltar or the Dardanelles,

Others sternly push their way through the northern winter-packs,

Others descend or ascend the Obi or the Lena,

Others the Niger or the Congo, others the Indus, the Burampooter and

     Cambodia,

 

Others wait steam'd up ready to start in the ports of Australia,

Wait at Liverpool, Glasgow, Dublin, Marseilles, Lisbon, Naples, Hamburg,

     Bremen, Bordeaux, the Hague, Copenhagen,

Wait at Valparaiso, Rio Janeiro, Panama.

 

5

I see the tracks of the railroads of the earth,

I see them in Great Britain, I see them in Europe,

I see them in Asia and in Africa.

 

I see the electric telegraphs of the earth,

I see the filaments of the news of the wars, deaths, losses, gains, passions, of

     my race.

 

I see the long river-stripes of the earth,

I see the Amazon and the Paraguay,

I see the four great rivers of China, the Amour, the Yellow River, the Yiang-

     tse, and the Pearl,

I see where the Seine flows, and where the Danube, the Loire, the Rhone, and the

     Guadalquiver flow,

 

I see the windings of the Volga, the Dnieper, the Oder,

I see the Tuscan going down the Arno, and the Venetian along the Po,

I see the Greek seaman sailing out of Egina bay.

 

6

I see the site of the old empire of Assyria, and that of Persia, and that of India,

I see the falling of the Ganges over the high rim of Saukara.

I see the place of the idea of the Deity incarnated by avatars in human forms,

I see the spots of the successions of priests on the earth, oracles, sacrificers,

brahmins, sabians, llamas, monks, muftis, ex-horters,

I see where druids walk'd the groves of Mona, I see the mistletoe and vervain,

I see the temples of the deaths of the bodies of Gods, I see the old signifiers.

I see Christ eating the bread of his last supper in the midst of youths and old

     persons,

I see where the strong divine young man the Hercules toil'd faithfully and long

     and then died,

I see the place of the innocent rich life and hapless fate of the beautiful

     nocturnal son, the full-limb'd Bacchus,

I see Kneph, blooming, drest in blue, with the crown of feathers on his head,

I see Hermes, unsuspected, dying, well-belov'd, saying to the people 

Do not weep for me,   

This is not my true country, I have lived banish'd from my true country, I now  

     go back there, 

I return to the celestial sphere where every one goes in his turn.                                                 

 

7          

I see the battle-fields of the earth, grass grows upon them and blossoms and

     corn,

I see the tracks of ancient and modern expeditions.

 I see the nameless masonries, venerable messages of the unknown events,

      heroes, records of the earth.

I see the places of the sagas,

I see pine-trees and fir-trees torn by northern blasts,

I see granite bowlders and cliffs, I see green meadows and lakes,

I see the burial-cairns of Scandinavian warriors,

I see them raised high with stones by the marge of restless oceans, that the dead

     men's spirits when they wearied of their quiet graves might rise up through

     the mounds and gaze on the tossing billows, and be refresh'd by storms,

     immensity, liberty, action.

I see the steppes of Asia,

I see the tumuli of Mongolia, I see the tents of Kalmucks andBaskirs,

I see the nomadic tribes with herds of oxen and cows,

I see the table-lands notch'd with ravines, I see the jungles and deserts,

I see the camel, the wild steed, the bustard, the fat-tail'd sheep, the antelope,

     and the burrowing wolf.

I see the highlands of Abyssinia,

I see flocks of goats feeding, and see the fig-tree, tamarind, date,

And see fields of teff-wheat and places of verdure and gold.

I see the Brazilian vaquero,

I see the Bolivian ascending mount Sorata,

I see the Wacho crossing the plains, I see the incomparable rider of horses with

     his lasso on his arm,

I see over the pampas the pursuit of wild cattle for their hides.

 

8

I see the regions of snow and ice,

I see the sharp- eyed Samoiede and the Finn,

I see the seal-seeker in his boat poising his lance,

I see the Siberian on his slight-built sledge drawn by dogs,

I see the porpoise-hunters, I see the whale-crews of the south Pacific and the

     north Atlantic,

I see the cliffs, glaciers, torrents, valleys, of Switzerland—I mark the long

     winters and the isolation.

 

9

 

I see the cities of the earth and make myself at random a part of them,

I am a real Parisian,

I am a habitan of Vienna, St. Petersburg, Berlin, Constantinople,

 I am of Adelaide, Sidney, Melbourne,

I am of London, Manchester, Bristol, Edinburgh, Limerick,

 

I am of Madrid, Cadiz, Barcelona, Oporto, Lyons, Brussels, Berne, Frankfort,

     Stuttgart, Turin, Florence,

I belong in Moscow, Cracow, Warsaw, or northward in Christiania or

     Stockholm, or in Siberian Irkutsk, or in some street in Iceland,

I descend upon all those cities, and rise from them again.

 

10

I see vapors exhaling from unexplored countries,

I see the savage types, the bow and arrow, the poison'd splint, the fetich, and

     the obi.

 

I see African and Asiatic towns,

I see Algiers, Tripoli, Derne, Mogadore, Timbuctoo, Monrovia,

I see the swarms of Pekin, Canton, Benares, Delhi, Calcutta, Tokio,

I see the Kruman in his hut, and the Dahoman and Ashantee-man in their huts,

I see the Turk smoking opium in Aleppo,

I see the picturesque crowds at the fairs of Khiva and those of Herat,

I see Teheran, I see Muscat and Medina and the intervening sands,

I see the caravans toiling onward,

I see Egypt and the Egyptians, I see the pyramids and obelisks,

I look on chisell'd histories, records of conquering kings, dynasties, cut in slabs

     of sand-stone, or on granite-blocks,

I see at Memphis mummy-pits containing mummies embalm'd, swathed in

     linen cloth, lying there many centuries,

I look on the fall'n Theban, the large-ball'd eyes, the side-drooping neck, the

     hands folded across the breast.

 

I see all the menials of the earth, laboring,

 

I see all the prisoners in the prisons,

I see the defective human bodies of the earth,

The blind, the deaf and dumb, idiots, hunchbacks, lunatics,

The pirates, thieves, betrayers, murderers, slave-makers of the earth,

 The helpless infants, and the helpless old men and women.

 

I see male and female everywhere,

I see the serene brotherhood of philosophs,

I see the constructiveness of my race,

I see the results of the perseverance and industry of my race,

I see ranks, colors, barbarisms, civilizations, I go among them, I mix

     indiscriminately,

And I salute all the inhabitants of the earth.

 

11

 

You whoever you are!

You daughter or son of England!

You of the mighty Slavic tribes and empires! you Russ in Russia!

You dim-descended, black, divine-soul'd African, large, fine-headed, nobly-

     form'd, superbly destin'd, on equal terms with me!

You Norwegian! Swede! Dane! Icelander! you Prussian!

You Spaniard of Spain! you Portuguese!

You Frenchwoman and Frenchman of France!

You Belge! you liberty-lover of the Netherlands! (you stock whence I myself

     have descended;)

You sturdy Austrian! you Lombard! Hun! Bohemian! farmer of Styria!

     you neighbor of the Danube!

You working-man of the Rhine, the Elbe, or the Weser! You working-woman

     too!

You Sardinian! you Bavarian! Swabian! Saxon! Wallachian! Bulgarian!

You Roman! Neapolitan! you Greek!

You lithe matador in the arena at Seville!

You mountaineer living lawlessly on the Taurus or Caucasus!

You Bokh horse-herd watching your mares and stallions feeding!

You beautiful-bodied Persian at full speed in the saddle shooting arrows to the

     mark!

You Chinaman and Chinawoman of China! You Tartar of Tartary!

You women of the earth subordinated at your tasks!

You Jew journeying in your old age through every risk to stand once on Syrian

     ground!

You other Jews waiting in all lands for your Messiah!

You thoughtful Armenian pondering by some stream of the Euphrates! you

     peering amid the ruins of Nineveh! You ascending mount Ararat!

You foot-worn pilgrim welcoming the far-away sparkle of theminarets of   

     Mecca!

You sheiks along the stretch from Suez to Bab-el-mandeb ruling your families

     and tribes!

You olive-grower tending your fruit on fields of Nazareth, Damascus, or lake

     Tiberias!

You Thibet trader on the wide inland or bargaining in the shops of Lassa!

You Japanese man or woman! you liver in Madagascar, Ceylon,Sumatra,

     Borneo!

All you continentals of Asia, Africa, Europe, Australia, indifferent of place!

All you on the numberless islands of the archipelagoes of the sea!

And you of centuries hence when you listen to me!

And you each and everywhere whom I specify not, but include just the same!

Health to you! good will to you all, from me and America sent! 

Each of us inevitable,

Each of us limitless—each of us with his or her right upon the earth,

Each of us allow'd the eternal purports of the earth,

Each of us here as divinely as any is here.

 

12

You Hottentot with clicking palate! you woolly-hair'd hordes!

You own'd persons dropping sweat-drops or blood-drops!

You human forms with the fathomless ever-impressive countenances of brutes!

You poor koboo whom the meanest of the rest look down upon for all your

     glimmering language and spirituality!

You dwarf'd Kamtschatkan, Greenlander, Lapp!   

You Austral negro, naked, red, sooty, with protrusive lip, groveling, seeking

     your food!

You Caffre, Berber, Soudanese!

You haggard, uncouth, untutor'd Bedowee!

You plague-swarms in Madras, Nankin, Kaubul, Cairo!

You benighted roamer of Amazonia! you Patagonian! you Feejeeman!

I do not prefer others so very much before you either,

I do not say one word against you, away back there where you stand,

(You will come forward in due time to my side.)

 

13

My spirit has pass'd in compassion and determination around the whole earth,

I have look'd for equals and lovers and found them ready for me in all lands,

I think some divine rapport has equalized me with them.

 

You vapors, I think I have risen with you, moved away to distant continents,

     and fallen down there, for reasons,

I think I have blown with you you winds;

You waters I have finger'd every shore with you,

I have run through what any river or strait of the globe has run through,

I have taken my stand on the bases of peninsulas and on the high embedded

     rocks, to cry thence:

Salut au monde!

What cities the light or warmth penetrates I penetrate those cities myself,

All islands to which birds wing their way I wing my way myself.

Toward you all, in America's name,

I raise high the perpendicular hand, I make the signal,

To remain after me in sight forever,

For all the haunts and homes of men.

 

Leaves of Grass

David Mc Kay,Publisher, Philadelphia, 1891–92

 

Poème précédent en anglais :

Lawrence Ferlinghetti (1919 -) : Un Coney Island de l’esprit (1 – 6) /A Coney Island of the mind (1 – 6) (19/01/2021)

 Poème suivant en anglais :

Ezra Pound « Qui, mort, garde son esprit entier... » / « Who even dead, yet hath his mind entire... » (16/03/2021)

 

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