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Le bar à poèmes
23 décembre 2020

Luís Vaz de Camões (1524 – 1580) : « Amour est feu qui brûle... » / « Amor é fogo que arde... »

camoes-angola[1]

 

Amour est feu qui brûle et qu’on ne voit ;

 

     Plaie qui fait mal sans qu’on le sente ;

 

Contentement qui mécontente ;

 

     Douleur qui vous égare et qui ne poind ;

 

 

C’est non-vouloir plus grand que le vouloir ;

 

     C’est être seul chez les nombreux ;

 

     C’est le bonheur sans être heureux ;

 

C’est croire que l’on gagne alors qu’on perd.

 

 

C’est librement vouloir être en prison,

 

     Et vainqueur servir le vaincu,

 

     Être loyal pour qui vous tue ;

 

 

Mais comment pourrait-il favoriser

 

     Au cœur des homme l’amitié,

 

Si à soi-même Amour est si contraire ?

 

 

Adapté du portugais par Alain Bosquet

 

In, Revue « Poésie1 / Vagabondage, N° 33, mars 2003 »

 

Le cherche midi éditeur, 2003

 

 

L’amour est comme un feu qui brûle sans foyer ;

 

C’est un mal lancinant qui insensible s’élance ;

 

C’est un enchantement en soi désenchanté ;

 

Une passion impassible et qui laisse éperdu.

 

 

C’est ne rien désirer qui passe son désir ;

 

C’est un pas solitaire qui se fond dans la foule ;

 

C’est ignorer sa joie au sommet de la joie ;

 

C’est rêver qu’on l’emporte, lorsqu’on est emporté.

 

 

C’est librement choisir les chaînes du captif ;

 

C’est vaincre, puis servir en esclave le vaincu ;

 

Garder sa loyauté à son immolateur.

 

 

Comment dès lors Amour peut-il bien susciter

 

Dans le cœur des humains un tel attachement,

 

Lui qui semble à ce point ennemi de lui-même ?

 

 

Traduit du portugais par Max de Carvalho

 

in, « La poésie du Portugal des origines à nos jours »

 

Editions Chandeigne, 2021

 

 

 

Amour est feu brûlant sans qu’on le voie,


Blessure qui vous point sans qu’on la sente,


Il est contentement qui mécontente,


Douleur qui vous rend fou, ivre de joie ;

 

 

Il est vouloir et vouloir contre soi,


Solitude peuplée, présence absente,


Jamais content de ce qui vous contente :


En vous perdant, vous gagnez, il le croit ;

 

 

Il est : s’offrir à la prison cruelle,


Servir celui dont vous êtes vainqueur,


A qui vous tue toujours rester fidèle.

 

 

Mais comment fait Amour pour que les cœurs


S’attachent tant à lui s’il se révèle


Contraire à soi et son propre trompeur ?

 

 


Traduit du portugais par André Markowicz


In, Françoise Morvan : « Clair soleil des esprits.


Amour et mort à l’âge baroque »


Editions Mesure, 2025

 

 

Amor é um fogo que arde sem se ver;

 

É ferida que dói, e não se sente;

 

É um contentamento descontente;

 

É dor que desatina sem doer.

 

 

É um não querer mais que bem querer;

 

É um andar solitário entre a gente;

 

É nunca contentar-se de contente;

 

É um cuidar que se ganha em se perder.

 

 

É querer estar preso por vontade;

 

É servir a quem vence, o vencedor;

 

É ter com quem nos mata, lealdade.

 

 

Mas como causar pode seu favor

 

Nos corações humanos amizade,

 

Se tão contrário a si é o mesmo Amor?

 

 

Poème précédent en portugais :

 

Nuno Júdice (1949 -) : Une ode terrestre / Uma ode terrestre (11/12/2020)

 

Poème suivant en portugais :

 

Casimiro de Brito (1938 -) : Dimanche / Domingo (31/12/2020)

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