André de Richaud (1909 – 1968) : Seul ton amour
Dessin à l'ncre de Chine, par Jacques Chapiro, 1954
Seul ton amour
Pour Paul M.
J’errais dans les bois sanglants dans l’arbre de ma vie
dans les vagues stériles de mon sommeil
marchant à contre-courant et tirant sur mes veines éclatées
Comme Œdipe empêtré dans les racontars de la pythie
et de ces vieillard aux jambes creuses
et comme les chevaux éventrés embourbés
dans les ornières aux glaçons de sang de mon pays
dont je me croyais chassé par la lune rouge
et comme le mendiant aveugle
que pourchassent les enfants agaçant son âme
une trique à la main jusqu’à ce qu’il s’étale
sur le fumier aux larges rires de la ferme
Vous tous qui me faisiez des misères de poux
Dans mon épaisse toison de misère
Vous tous qui observiez en ricanant ma démarche
Empêtrée des lambeaux de la nuit
Seul ton amour...
La confession publique
Pierre Seghers éditeur, 1944
Du même auteur :
Préface (22/12/2016)
La voie du sang (22/12/2017)
Le testament (22/12/2018)
La chanson de mort (22/12/2019)
Monologue (22/12/2021)
Le délire de l’enchanteur (22/12/2022)