Yaïr Hurwitz (1941 - 1988) / יאיר הורביץ : Unité du gris
Unité du gris
Je m’assieds et regarde par la fenêtre ;
Je ne vois ni arbre
ni nuage où m’accrocher.
Crépuscule naïf
réveillant la lumière.
la lumière de la lampe n’est plus un message.
A moi avec moi je m’assieds et parle.
Ma moitié et ma chair
ne comprend pas ma langue, ne s’envole pas.
A la fenêtre un bruissement ou un bruit froid ;
Aux persiennes, lentement, se débat
une splendeur de lumière. Le gris de l’automne
passe, le printemps aussi
émiette les aiguilles de la montre.
Je murmure :
« Mer prosternée »
pensant à la mer comme à l’amour.
D’un jour à l’autre
la lumière s’écoule.
Une caresse de chair se retourne dans les murs,
entre corps et mur
un soupir serré.
Dans l’unité du gris et du mur
l’écorce de la chair se recroqueville
grignotant l’aumône pourrie.
Elle obéit au mouvement tel un spasme
sans sombrer, sans s’envoler, captive du
rideau, prisonnière d’un angle.
Traduit de l’hébreu par Michel Eckhard et Benjamin Ziffer
in, Revue « Poésie 1, N° 116, Mars-Avril 1984 »
Le Cherche-Midi éditeur, 1984
Du même auteur : « L’image du malheur à ma fenêtre... » (14/03/2019)