Czesław Miłosz (1911 - 2004) : Le fleuve majestueux / Powolna rzeka
Le fleuve majestueux
Un printemps aussi beau que celui-là, cela fait longtemps
qu’il n’y en a pas eu ; l’herbe juste avant le fauchage
est abondante et pleine de rosée.
Dans la nuit, on entend quelqu’un jouer
au bord des marais, il y a une traînée rose
à l’est jusqu’au petit matin.
A une telle heure, chaque voix sera pour nous
un cri de triomphe. Gloire, douleur et gloire
à l’heure et aux nuages, à la chênaie verte,
le portail de la terre se fend, clef de la terre découverte,
l’étoile accueille déjà le jour. Alors pourquoi
tes yeux ont-ils gardé en eux cet éclat impur
comme les yeux de créatures qui n’ont pas connu
le mal et n’ont que la nostalgie du crime ? Pourquoi
à travers tes paupières plissées passe le brûlant
abîme de la haine ? A toi la domination,
à toi les nuages, anneaux dorés
qui jouent, les érables sur les routes chuchotent ta gloire.
Tu tiens de chaque être vivant
dans tes mains une bride invisible –
tu la tires - et tout retourne en demi-cercle
sur le baldaquin appelé cirrus.
Et quels sont tes travaux ? Oh, elle t’attend,
la montagne couverte de sapins, où il n’y a qu’une esquisse
de grandes bâtisses, la vallée, où le blé
devrait pousser, la table, et la page blanche
sur laquelle un poème va peut-être naître,
joie et peine. Et la route se déroule
si vite sous nos pieds, une trace blanche s’étire,
à peine le regard prononce le bonjour,
déjà l’étreinte des mains faiblit, un soupir, la tempête est passée.
Et l’on porte alors le criminel à travers champs,
on berce ses cheveux gris, dans l’allée près du bord de l’eau
on le dépose, là où le vent de la baie enroule les drapeaux,
là où des groupes d’écoliers courent sur le gravier
avec un chant joyeux.
- « Pour que dans les jardins festifs ils boivent sur l’herbe au milieu des éclats
de rire,
pour que sans savoir s’ils sont épuisés ou s’ils sont heureux,
ils prennent le pain des mains de leurs femmes enceintes.
Pour qu’ils ne baissent la tête devant aucun signe,
mes frères assoiffés de plaisir, joyeux,
prenant le monde comme leur silo, leur maison de joie. »
- « Oh, la racaille obscure sur le gazon vert,
les crématoires tels les rochers blancs,
et la fumée ressort des nids de guêpes mortes.,
Le bredouillement des mandolines étouffe les traces de grandeur
sur les ruines de la nourriture, au-dessus de la mousse devenue cendre
l’aube d’une nouvelle récolte, la poussière soulevée par les faux. »
Un printemps aussi beau que celui-là, cela fait longtemps
que le voyageur du monde n’en a pas connu. Le sang de la cigüe,
ainsi lui apparut la surface des eaux répandues
et la flotte des voiles qui couraient dans la nuit,
le dernier mouvement d’une note très pure.
Il a vu sur le sable des personnages projetés
sous la lumière de planètes tombant de la voûte céleste,
et quand la vague s’est tue, il y avait le silence,
le parfum de l’iode et de l’héliotrope montait de l’écume.
Sur les dunes, ils chantaient Marie, oh Marie
en posant leurs mains ensanglantées sur la selle
et le voyageur ne savait pas si c’était un nouvel emblème censé
apporter le salut, bien qu’aujourd’hui il tue.
Par trois fois devra se retourner la roue
des aveuglements humains, avant que sans crainte
je regarde le pouvoir endormi dans ma main,
le printemps, le ciel, et les mers et les terres.
Par trois fois doivent triompher les menteurs
avant qu’une grande vérité se ranime,
et se dresseront alors dans l’éclat d’un seul instant
le printemps, le ciel, et les mers et les terres.
Wilno, 1936
Traduit du polonais par Jacques Donguy et Michel Małowski
in, « Revue Europe, N° 902-903, Juin-Juillet 2004 »
Du même auteur :
Dante (18/12/2015)
CELA / TO (18/12/2016)
Sur la plage (18/12/2017)
A Allen Ginsberg / Do Allena Ginsberga (18/12/2018)
Capri (18/12/2020)
Powolna rzeka
Tak pięknej wiosny jak ta, już od dawna
nie było; trawa, tuż przed sianokosem
bujna i rosy pełna. W nocy granie
słychać z brzegu moczarów, różowa ławica
leży na wschodzie aż do godzin rana.
O takiej porze każdy głos nam będzie
krzykiem triumfu. Chwała, ból i chwała
trawie i chmurom, zielonej dębinie,
rozdarte wrota ziemi, odkryty klucz ziemi,
gwiazda już wita dzień. Więc czemu twoje
oczy zamknęły w sobie blask nieczysty
jak oczy stworzeń, które nie zaznały
zła i za zbrodnią tylko tęsknią? Czemu
przez powieki znużone prześwieca gorąca
toń nienawiści? Tobie panowanie,
tobie obłoki w złoconych pierścionkach
grają, na drogach sława szepcą klony,
od każdej żywej istoty przebiega
do twoich dłoni niewidzialna uzda –
targniesz – i wszystko zakręca w półkole
pod baldachimem nazywanym cirrus.
A prace jakie są? O, ciebie czeka
jodłowa góra, na niej tylko zarys
wielkich budowli, dolina, gdzie zboże
wzrosnąć powinno, stół i biała karta,
na której może poemat powstanie,
radość i trud. A droga umyka
spod nóg tak szybko, ślad biały się smuży,
że ledwo wzrok wypowie powitanie,
już słabnie uścisk rąk, westchnienie, już po burzy.
I niosą wtedy polem okrutnika,
siwy kołyszą włos, w alei u wybrzeży
składają, gdzie chorągwie zwija wiatr zatoki,
kędy po żwirach biegną szkolnych gromad kroki
z pieśnią wesołą.
– „Aby w świątecznych ogrodach rżąc na murawach pili,
aby nic wiedząc, kiedy strudzeni, kiedy szczęśliwi,
chleb brali z rąk ciężarnych swoich żon.
Przed żadnym znakiem głowy nie ugięli,
bracia moi, rozkoszy spragnieni, weseli,
ze świata mając spichrz, radości dom”.
– „Ach, ciemna tłuszcza na zielonej runi,
a krematoria niby białe skały
i dym wychodzi z gniazd nieżywych os.
Bełkot mandolin ślad wielkości tłumi,
na gruzach jadła, nad mech spopielały
nowego żniwa wschód, kurzawa kos”.
Tak pięknej wiosny, jak ta, już od dawna
nie miał podróżny świata. Krwią cykuty
wód przestrzeń mu się wydała rozległa,
a flota żagli, która w mroku biegła,
ostatnim drgnieniem jakiejś czystej nuty.
Widział na piaskach rzucone postacie
pod światłem planet lecących ze stropu,
a kiedy milkła fala, cicho było,
z piany szedł zapach jodu? heliotropu?
Na wydmach Maria śpiewali, Maryja,
rękę zbroczoną składając na siodło,
nie wiedział, czy to jest to nowe godło,
które ma zbawiać, chociaż dziś zabija.
Po trzykroć winno się obrócić koło
ludzkich zaślepień, zanim ja bez lęku
spojrzę na władzę, śpiącą w moim ręku,
na wiosnę, niebo i morza, i ziemie.
Po trzykroć muszą zwyciężyć kłamliwi,
zanim się prawda wielka nie ożywi,
i staną w blasku jakiejś wielkiej chwili
wiosna i niebo, i morza, i ziemie.
Trzy zimy,
Związek Zawodowy Literatów Polskich, Warszawa, 1936
(Union des écrivains polonais, Varsovie)
Poème précédent en polonais :
WisławaSzymborska : Ca va sans titre / Może być bez tytułu (12/06/2019)
Poème suivantt en polonais :
Kazimierz Brakoniecki : Sur la route de Pont-Aven / Na drozde do Pont-Aven (07/01/2020)