Fabienne Courtade (1957 -) : « Nuits / d’une noirceur à l’autre... »
Nuits
d’une noirceur à l’autre
quel lambeau furtif
quel instant infime
retombe
nuit gravat d’autres nuits
ou bien les mêmes
replis
foule qui passe
se répète
aubes aux lignes
lointaines
nuits sur quoi
sur qui viennent et s’érigent
ces mêmes levers
blancs morts vifs aux anges des murs
où
avions-nous buté
mille fois
sans jamais plus arrêter
Nuits
foules
qui passe lorsque se répète
ce grand jeté des abîmes
crachat
ordure
où
tressaille
béante gouffre
porte qui claque
les dents crissent
sur l’obstacle
vide
nuis et de grandes foules joyeuses
qui garde
ce couteau
prêt à frapper
gestes un peu plus loin
ou en retrait à la dérobée
regarder
sous les paupières
lisières
tache esquive des poussières
des nuits et de grands vents de grands pays
basculent
Nous, infiniment risqués
Editions Verdier, 11220 Lagrasse, 1987