Avrom Sutzkever (1913 – 2010) / אַבֿרהם סוצקעווער : Les gazelles de Yamsuf
Les gazelles de Yamsuf
S’obstine le soleil couchant, astre tenace,
Demeurer à Yamsuf, quand surgissent le soir
Vers le palais des eaux les gazelles, de grâce
Et de rose innocent, pour apaiser leur soif.
De leurs ombres de soie se défont sur la rive
Et lèchent à Yamsuf des anneaux de fraîcheur.
Longs visages de violons. Il leur arrive
D’épouser le silence en noces de douceur.
A la fin elles fuient. Des taches roses sèchent
Dans le sable, un regret qui survit au reflux
Suit les gazelles du couchant, celles qui lèchent
Le silence de ceux qui déjà ne sont plus.
Traduit du yiddish par Charles Dobzynski,
in « Anthologie de la poésie yiddish, Le miroir d’un peuple »,
Éditions Gallimard, 2000.
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