Anacréon / Ἀνακρέων (vers 550 – vers 464 av. J. C.) : « Oui, mes tempes déjà sont grises... »
Anacréon par Eugène Guillaume (Musée d'Orsay)
Oui, mes tempes déjà sont grises,
Mes cheveux sur mon front sont blancs ;
Jeunesse, auprès, n’est plus assise,
Et l’on a vu vieillir mes dents.
Pour goûter la douceur de vivre,
Ah ! je n’ai plus beaucoup de temps :
Moi qui ai peur de l’autre rive,
Je m’en désole bien souvent.
Le gouffre funèbre m’effraie,
Triste est la route qui descend :
Il n’est pas près de remonter,
Non, celui-là qui la descend.
Traduit du grec par Robert Brasillach
in, « Anthologie de la poésie grecque »
Editions Stock, 1950
Mes cheveux sont tout blancs et je n’en ai plus guère.
Ma jeunesse ? Partie, et mes dents avec elle.
Et je gémis, et je sanglote, et me rebelle,
Car de la douce vie il me reste bien peu.
Sombre est l’arrière-monde et lugubre le jeu
De la Mort qui nous prend pour ne jamais nous rendre.
Et j’ai horreur du noir passage...
Traduit du grec par Marguerite Yourcenar,
In, « La couronne et la lyre,
Anthologie de la poésie grecque ancienne »
Editions Gallimard, 1979
Du même auteur :
Le souhait (14/04/2015)
« O enfant au regard de fille... » (07/09/2024)