FrançoisPétrarque / Francesco Petrarca (1304 – 1374) : « Quand parfois, au milieu d’autres dames… / « Quando fra l'altre donne a
XIII
Quand parfois, au milieu d’autres dames, Amour apparaît au beau visage
de celle-ci, autant chacune lui cède en beauté, autant s’accroît le désir qui
me passionne.
Je bénis le lieu, et le temps, et l’heure, où j’élevai mes regards vers un
un but si altier ; et je dis : Ô mon âme, tu dois être bien reconnaissante d’avoir
été jugée alors digne d’un tel honneur.
D’elle te viens l’amoureux penser qui, pendant que tu le suis, t’envoie au
souverain bien, estimant peu ce que tout homme désire :
D’elle vient ce noble courage qui te guide vers le ciel par le sentier direct,
si bien que je vais déjà rempli de sublimes espérances.
Traduit de l’italien par le comte Ferdinand Léopold de Gramont
In, Pétrarque : « Canzoniere »
Editions Gallimard (Poésie), 1983
Parfois, quand elle est parmi d’autres dames,
Et qu’Amour vient se poser sur ses traits,
Toutes en sont d’autant moins belles qu’elle,
Et d’autant plus croît mon fougueux désir.
Et je bénis le lieu, le temps et l’heure
Où mes regards si haut se sont levés,
Et dis : « Tu dois, mon âme, rendre grâce,
Toi qui fus digne, alors, d’un tel honneur.
D’elle te vient l’amoureuse pensée
Qui te conduit jusqu’au bien le plus haut,
En méprisant les désirs ordinaires ;
D’elle te vient cette noble vaillance
Qui vers le ciel tout droit te mène : et moi,
Déjà je vais, fier de cette espérance. »
Traduit de l’italien par Jean-Yves Masson
in, revue « Europe, N° 902-903, juin-juillet 2004 »
Du même auteur :
« La vie fuit... » / « La vita fugge... » (21/02/2019)
« A chaque pas je me tourne en arrière... » / « Io mi rivolgo indietro a ciascun passo... » (19/10/2021)
« De mon visage il pleut larmes amères... » / « Piovonmi amare lagrime dal viso... » (19/10/2022)
« La douceur des coteaux... » / « Je dolci colli... » (19/10/2023)
« Comme un pauvre vieillard... / Movesi il vecchierel... » (19/10/2024)
13
Quando fra l'altre donne ad ora ad ora
Amor vien nel bel viso di costei,
quanto ciascuna e men bella di lei
tanto cresce 'l desio che m'innamora.
I' benedico il loco e 'l tempo et l'ora
che si alto miraron gli occhi mei,
et dico: Anima, assai ringratiar dei
che fosti a tanto honor degnata allora.
Da lei ti ven l'amoroso pensero,
che mentre 'l segui al sommo ben t'invia,
pocho prezando quel ch'ogni huom desia;
Da lei vien l'animosa leggiadria
ch'al ciel ti scorge per destro sentero,
si ch'i' vo gia de la speranza altero.
Poème précédent en italien :
Alfonso Gatto : A mon père / A mio padre (27/08/2017)
Poème suivant en italien :
Roberto Veracini : Maintenant que le temps est brume / Ora che il tempo è nebbia (17/09/2017)