Denis Rigal (1938 - 2021) : « rouillés sont les vaisseaux friables… »
i.m
Georges Perros
Michel Barré
rouillés sont les vaisseaux friables
les saillants face à la rongeuse
la mer toujours nécromancienne
qui n’a souri jamais
des millénaires
ni à l’aurore
ni quand au loin le haut-fourneau
dégueule en silence ses gueuses
sa lave jaune-orangé-rouge
jusqu’à l’autre certain rivage
l’homme ici prend terre et revoit
les perdrix grises à l’essor
sous un ciel infini turquoise
quelque part vers Wissant ou bien
le lilas survivant parmi
la mauvaise herbe et les vestiges
revient défricher son arpent
plante un pommier pour ses planètes
un peuplier pour son argent
élit séjour humain auprès
des bêtes absolues respire
l’aisselle rousse de septembre
l’odeur de la menthe froissée
(on y couchait les truites
au ventre d’or profond)
poursuit la terminable phrase
qui le porte encor qui ne dit
que soit son dessein matinal
l’aimable et le poignant chaos
qui fut
ainsi le musicien
perdue la voix tari le flot
de vers qui contait son exil
descend à la salle commune
et joue pour les autres muets
l’inopérante inachevée
et nécessaire mélodie
Aval
Editions Gallimard, 2006
Du même auteur :
« Une fois, / Les écluses s’ouvrirent… » (16/03/2015)
Des fins premières (25/08/2016)
Nord Nord-Ouest par Ouest (25/08/2018)
Pour tenir lieu (25/08/2019)
Problématique (25/08/2020)
Fondus au noir (25/08/2021)
Divers exil (18/02/2022)
Combaneyre (25/08/2022)
La joie peut-être (18/02/2023)
Denis Rigal : Nord (18/02/2024)