Nazim Hikmet (1901 – 1963) : Peut-être que moi
Peut-être que moi
Peut-être que moi
de ce jour
bien plus avant :
me balançant pendu place du Pont
je laisserai un matin tomber mon ombre sur l’asphalte
Peut-être que moi
de ce jour
bien plus après :
une trace de barbe blanche sur ma mâchoire rasée
je serai encore vivant…
Et moi
de ce jour
bien plus après :
si je suis encore vivant,
aux coins des places vides m’adossant
aux murs.
à ceux qui comme moi à la dernière tourmente survécurent
aux vieillards
je vais jouer les soirs des fêtes
du violon…
Tout autour, d’une nuit merveilleuse
les trottoirs illuminés
et des hommes nouveaux
chantant des nouvelles chansons
les pas…
1930
Traduit du turc par Fikret Adil
Revue « Bifur, N° 8 »
Editions du Carrefour, 1931
Du même auteur :
La plus drôle des créatures (19/10/2015)
La cigarette non-allumée (19/10/2017)
Lettres et poèmes (1942 – 1946) (06/03/2019)
Fragment (06/03/2020)
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