William Cliff (1940 - ) : Trajet Namur- Charleville
Trajet Namur – Charleville
les eaux de la Meuse étaient violentes
on voyait des morceaux de bois flotter
et tourner dans le courant on voyait
les éclusiers perchés sur les barrages
lever les poutrelles pour que le fleuve
coule plus vite et ne déborde pas
en France et en Belgique les barrages
qu’ils soient manuels ou automatiques
étaient partout levés en sorte que
l’eau brunie par la boue coulait très vite
les torrents écumaient en rabotant
les flancs schisteux de l’Ardenne où la Meuse
par grands méandres trace sa vallée
en montrant de rudes maisons avec
d’affreuse usines métallurgiques
mais arrivés à Charleville les
gens ne pensent plus qu’à fuir à Paris
comme ayant honte de cette grandeur
et comme si la Meuse magnifique
ne pouvait pas leur assouvir le cœur
(je ne comprends pas pourquoi tu détestes
cette rudesse alors que j’aimerais
rester ici dans un hôtel miteux
pour faire connaissance avec ton corps
apprenant ce que c’est ce goût de schiste
et le silence si beau de ton visage)
in, Francis Dannemark : « Ici, on parle flamand et français. Une fameuse
collection de poèmes belges »
Le castor astral éditeur, 2005
Du même auteur :
Fellations (14/03/2015)
« je croyais que la vie… » (02/12/2017)
Londres (26/03/2019)
Fausses vacances (25/05/2024)