Tor Obrestad (1938 -) : Le chant du rivage
Le chant du rivage
Tous les arbres tournent leur dos fouetté vers la mer
et de leurs membres noués, ils désignent la terre.
Pour nous qui avons été engendrés là-bas le sel est sur notre langue
nous ne le crachons pas : il se pose
comme une enveloppe blanche autour de nos nerfs et ils pourrissent tard.
Sel posé en ombres blanches sur le dos
le long des marques du fouet : Non, nous ne dormirons pas ici
tant que le bandeau blanc de la tempête borde les côtes
et que les cris blancs des mouettes, des cris presque gris, cinglent à travers
le vent.
Oui, nous sommes salés comme des poissons mais nous nageons
à travers les seines blanches de brume et les filets d’embruns,
nous entendons le chant du ressac du jour
dans notre sang glacé par le vent, nous entendons le vacarme
des galets éternels qui roulent dans nos têtes rases.
Comme des poissons tranquilles, nous allons nous étendre sur le tas
d’algues brunes,
enroulés dans des feuilles mouillées, des escargots gris dans les cheveux
tandis qu’autour des pierres de soubassement de la maison des rêves de
terreau gargouillent.
Traduit du norvégien par Carl-Gustav Bjurstrom et Lucie Albertini
In, Revue « Les Lettres Nouvelles, N° 4-5 », Décembre 1973-Janvier 1974,
Editions Denoël
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