Loys Masson (1915 – 1969) : « Je n'ai jamais connu dans sa vérité… »
(…)
Je n'ai jamais connu dans sa vérité ce qui m'était cher;
je brûlais d'absolu je m'inventais nécessaire
à son devenir. C'était hier.
Je passais près de la source sans voir le rouge-gorge y boire
en silence, économe de sa chanson pour ses amours du soir ;
je n'écoutais que la rumeur là-bas de l'embouchure
mariage en moi de l'onde et du divin de la mer.
Maintenant à ces jours morts qui tombent de mes épaules sans même rider l'eau
je possède le dur savoir ;
Le pain des joies ne se fait que du levain de l'aléatoire :
pour l'avoir ignoré je meurs de faim.
Temps enfui.
Chacun à l'heure d'aimer regarde le soleil en face tel l'aigle en sa légende
et puis ferme les yeux sur une étoile du tard, l'humble et l'habile
la tamisante qui fait durer l'espoir en son leurre, le tranquille.
J'ai regardé jusqu'au vertige.
Temps enfui, cristal rebondissant en son écho de cristal en cristal, aveugle désormais
de ne mirer
que le convexe et l'oblique.
La Croix de la rose rouge,
Pierre Morel éditeur,1969
Du même auteur :
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