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Le bar à poèmes
14 avril 2025

L’épopée de Gilgameš (2100 avant J.C.) : Tablette V

 

 

L’épopée de Gilgameš


(Version ninivite)

 


 
TABLETTE V


(Prouesses et victoire)

 

 

Comment Gilgameš,et Enkidu, à leut arrivée, voient la Forêt

 

Immobiles,


     A la lisière de la Forêt,


Ils contemplaient


     L’altitude des Cèdres


Et ils examinaient 


     l’orée


Allées et venues de Humbaba,   


     Y avaient laisse des pistes :


Des sentiers tracé-droit,


     Des chemins bien marqués.


Et l’on voyait au loin


     La Montagne des Cèdres,


     Résidence de dieux,


     Sanctuaire de la sainte Irnini,


En avant de cette Montagne,


     Les Cèdres déployaient leur frondaison :


Délicieux était leur ombrage,


     Et tout embaumé de parfums !


La Forêt s’emmantelait


     D’un dense hallier


                Cèdres, Ballukku-odorants.


Un premier fossé l’entourait


     Large de dix kilomètres,


Puis un second


     Seulement des deux tiers.


...................................................................


Humbaba interpelle les deux héros : Gilgameš,puis Enkidu


Humbaba, ayant ouvert la bouche, prit la parole


     Et s’adressa à Gilgameš


     « Des fous et des inconscients


     T’auraient-ils conseillé, Gilgameš


     Que tu sois venu m’affronter ?


Hé, Enkidu, enfant de poisson,


     Qui n’a jamais connu son père,


Et, pas plus que les tortues,


     N’a jamais tété sa mère !

 

En ton jeune âge, je t’observais


     Mais me garder de te fréquenter !


A présent, si je te tue,


     J’en aurai l’âme épanouie !


Car c’est bien toi


     Qui as conduit jusqu’ici Gilgameš !


.......... un ennemi,


     Un étranger furieux.....


J’aurais dû, Gilgameš


     Lui déchirer la gorge


Et le donner en pâture


     Aux criards serpentaires, aux aigles, aux vautours. »


Gilgameš effrayé, se tourne vers Enkidu


Alors Gilgameš ouvrit la bouche, prit la parole


     Et s’adressa à Enkidu


« Mon ami,


     Humbaba a changé de visage !


.............................


Enkidu l’encourage


Mais Enkidu, ayant ouvert la bouche, prit la parole


     Et s’adressa à Gilgameš :


Pourquoi donc, mon ami,


     Parler ainsi tête basse, 


Main sur la bouche


     Et en te cachant.


A présent


     Il n y’a plus qu’une issue :


Le cuivre en fusion


     Est déjà en chemin vers le moule,


Tour à tour chauffé en deux heures,


     Puis tout autant refroidi.


Si tu veux faire un carnage


     Et frapper de grands coups,


Ne quitte pas ces lieux,


     Ne t’en retourne pas !


     N’en cogne que plus fort !


Gilgameš s’empoigne avec Humbaba


Gilgameš face à Humbaba


     Le frappa à la tête,


Ils piétinaient le sol,


     Des talons, 


Disloquant, de leurs saccades,


     L’Hermon et le Liban.


Šamaš l’assiste en déchaînant les éléments


La nuée claire 


     Devint sombre


Comme d’un brouillard


     Il pleuvait sur eux de la mort.


Et Šamaš, contre Humbaba,


     Fit lever de grandes tempêtes :


Vent-du-Nord, Vent-du-Sud,


     Vent-d’Est, Vent-d’Ouest, Vent-souffleur,


Vent-rafales, Vent-tourbillons,


     Vent-mauvais, Vent-poussières,


Vent-mortifère, Vent-de-Gel,


     Et Tempête, et Tornade :


Les Treize Vents tant se ruèrent sur lui


     Que son visage s’assombrit :


Il ne pouvait, ni avancer,


     Ni reculer,


A portée


     Des armes de Gilgameš


Humbaba qui se sent perdu, cherche à apitoyer Gilgameš en le flattant


Humbaba, qui tenait à la vie,


     S’adressa donc à lui :


« Tu a été enfant, Gilgameš,


     Ta mère t’a mis au monde


Et tu descends de....


Si tu t’es élevé, 


     C’est au gré de Šamaš, Roi de cette Montagne,


Ô rejeton du cœur d’Uruk,  


     Gilgameš souverain !


Et lui promet tout ce qu’il voudra


     Je demeurerai à tes ordres,


Et je te livrerai


     Autant d’arbres que tu me commanderas.


Je te réserverai aussi des Arbustes- à-myrte,


Tous les bois destinés à embellir


     Les Edifices de ta ville ! »


Enkidu intervient pour endurcir Gilgameš


Mais Enkidu ouvrit la bouche, prit la parole


     Et s’adressa à Gilgameš :


« N’écoute pas mon ami,


     Les discours de Humbaba : 


Ni ne défère à sa prière.


.............................................................................


Fin de la supplique d’Humbaba à Enkidu


« ... Tu es au courant du projet de Gilgameš


     De son dessein concernant ma Forêt,


Et tu sais


     Tout ce qu’il faut lui dire !


J’aurais pu t’emporter, j’aurais pu t’égorger


     Dans le profond maquis de ma Forêt,


Te donner en pâture


     Aux criards serpentaires, aux aigles, aux vautours !


A présent, Enkidu, il est en ton pouvoir 


     De me libérer :


Demande don à Gilgameš


     De me laisser la vie sauve ! »


Enkidu persiste à pousser Gilgameš au pire


Mais Enkidu ouvrit la bouche et, prenant la parole,


     S’adressa à Gilgameš :


« Mon ami, 


     Le Gardien de la Forêt des Cèdres


Achève-le, égorge-le


     Ecrase-le....


Avant qu’Enlil-le-Premier 


     N’entende son appel


Et que les grands dieux


     Ne soient furieux contre nous :


Enlil, à Nippur,


     Et Šamaš à Larsa/Sippar,


Etablis-toi


     La réputation éternelle


D’avoir toi-même


     Vaincu Humbaba !


Nouvelle supplique d’Humbaba à Enkidu


A présent, Enkidu, il est en ton pouvoir 


     De me libérez :


Demande donc à Gilgameš 


     De me laissez la vie sauve ! »


Nouveau refus d’Enkidu, qui réitère son exhortation à Gilgameš 


Mais Enkidu ouvrit la bouche, prit la parole,


     Et s’adressa à Gilgameš 


« Mon ami, Humbaba le Gardien de la Forêt-des-Cèdres


     Achève-le, égorge-le,


     Ecrase -le


Avant qu’Enlil-le -Premier


     N’entende son appel,


Et que les grands dieux


     Ne soient furieux contre nous :


Enlil, à Nippur,


     Et Šamaš à Larsa/Sippar,


Etablis-toi la réputation éternelle


D’avoir toi-même


     Vaincu Humbaba !


..............................................


S’adressant aux deux héros Humbaba les maudit


Qu’ils ne vieillissent,


     Ni l’un ni l’autre !


Et, pas d’avantage que son ami Gilgameš 


     Qu’Enkidu ne trouve jamais de salut ! »


Dernier appel d’Enkidu à Gilgameš 


Enkidu, ouvrant alors la bouche, prit la parole,


     Et s’adressa à Gilgameš :


« Mon ami, j’ai eu beau te parler,


     Tu ne m’a pas écouté !


Je vais expédier Humbaba !


...........................................................


Humbaba est abattut


Les deux héros


     Dégainèrent à cinq reprises


Tandis que, pour leur échapper,


     Humbaba bondissait.


A coups de pique


     Ils le tuèrent.


Aussitôt, d’épaisses ténèbres


     S’abattirent sur la Montagne !


Oui ! d’épaisses ténèbres


     S’abattirent sur la Montagne !


Gilgameš et Enkidu coupent des Cèdres


.............................................


Gilgameš abattait les arbres,


     Dont Enkidu repérait çà et là les troncs !


Pour se concilier Enlil, Enkidu propose de lui réserver le Cèdre le plus grand


Et, Enkidu ayant ouvert la bouche et pris la parole


     S’adressa à Gilgameš :


« Mon ami, nous avons abattu


     Un cèdre extraordinairement élevé,


Dont la cime


     Perçait le ciel !


Fais-en faire un vantail-de-porte


     De trente-six mètres de haut


     Et de douze de large,


Sur un demi-mètre d’épaisseur,


     Et dont les pivots : central, inférieur et d’en haut,


     Soient chacun de six mètres !


On le transportera à Nippur,


     L’Euphrate le portant,


     Et Nippur sera en liesse !

 

Transport des grumes et retour des héros


Ils agencèrent donc un radeau,


Enkidu embaqrué


Tandis que Gilgameš


     Portait la tête de Humbaba

 

 

 


Traduit de l’akkadien par Jean Bottéro


in, « L’épopée de Gilgameš, le grand homme qui ne voulait pas mourir »


Editions Gallimard 1992

 


Du même auteur :


 L’épopée de Gilgameš : Tablette I (14/04/2022)


Tablette II et III (14/04/2023)


Tablette IV (1 et 2) (14/04/2024)
 

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