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Le bar à poèmes
19 janvier 2025

Llywarch-Hen (vers 490 – vers 590) : Chant du coucou

 

 

Chant du coucou

 

 

Je suis sur la montagne. Mon esprit guerrier

 

ne m’entraîne plus – Mes jours seront courts

 

maintenant et ma demeure est en ruines.

 

 

Le vent me mord – Ma vie est une longue pénitence –

 

La forêt reprend sa parure d’été,

 

mais je me sens faible et las.

 

 

Je ne vais point à la chasse, je n’ai plus de chiens,

 

je ne peux plus me promener.

 

Qu’il chante donc le coucou.

 

 

Le coucou babillard chante avec le jour,

 

ses appels sont mélodieux dans la vallée de Kyawg.

 

- Mieux vaut être riche que pauvre –

 

 

Au hâvre de Kyawg chantent les coucous dans les arbres fleuris.

 

Malheur au malade

 

qui les écoute dans leur joie.

 

 

Au hâvre de Kyawg chantent les coucous dans les branches.

 

Leur chant me fait mal.

 

Que ceux qui les écoutent n’en aient point de chagrin.

 

 

N’ai-je pas entendu le coucou sur l’arbre entouré de lierre ?

 

N’ai-je pas laissé mon bouclier ?

 

Ce que j’aimais m’est odieux, ce que j’aimais n’est plus.

 

 

Sur la colline, de la cime joyeuse du chêne

 

est venue une voix d’oiseau – Coucou de la colline,

 

tous les amants répètent la chanson.

 

 

Les oiseaux sont bruyants, les vallées sont humides,

 

la lune luit. Comme la minuit est froide !

 

mon esprit est troublé par l’angoisse et le mal.

 

 

La vallée profonde est blanche. Comme la minuit est longue !

 

On honore le mérite mais on n’a pas d’égard

 

pour la fatigue et la vieillesse.

 

 

Les oiseaux sont bruyants, le rivage est humide,

 

les feuilles sont tombées -Tant pis pour l’exilé

 

qui sait qu’il est malade.

 

 

Les oiseaux sont bruyants, le sable est humide,

 

clair est le firmament, la vague s’enfle

 

et l’ennui flétrit mon cœur.

 

 

Les oiseaux sont bruyants, le rivage est humide,

 

brillant est le flot dans sa course rapide.

 

Aimerai-je encore ce qui fit ma jeunesse ?

 

 

Qu’ils sont bruyants les oiseaux ! ils sentent l’odeur de la chair.

 

La voix des chiens retentit dans le désert.

 

Qu’ils sont bruyants les oiseaux !

 

 


Traduit du gallois par Jean Markale

 

in, « Les grands bardes gallois »

 

Editions Jean Picollec, 1981

 


Du même auteur :

 

Les calendes de l’hiver (20/01/2022)

 

La neige (20/01/2023)

 

La vieillesse (20/01/2024)

 

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