Jean-Pierre Faye (1925 -) : Car in –
Car in-
Car in-
Car inouïe est la pénétration d’œil contre œil
les yeux enchâssés dans l’autre brillante
regard ciblé dans regard. visage à
. visage ça brille l’un dans une
autre. sous les cheveux et sur
la bouche et tout au long
. des deux lèvres éclatées en fleur
car inapaisée la lumière qui bouge
d’œil en œil et d’entre lèvres
. quand elle descend, alcool et fait chaud
dans les jambes et brûle dans l’entre
genoux et remonte aux hanches
. car inépuisable la danse de la lueur
joue iris pupille et blancheur
noire des regards l’une vers l’autre
. mais les mains rencontrent de loin
l’ambre noire au doigt portant l’image blanche
car inexpiable est la croisade des yeux
. et la sainte guerre des yeux se prolonge
là où tu es qui regarde regardée
où tu es la devenue rivière qui s’allonge
. car inattendue à ton bord : tu n’est pas gardée
question sur
– poésie –
contrainte du vers
est supposition sur la langue
mais simple brûlure de bougie
en dispense
et éviter le conte
n’est pas compter
. mais être réservé
envers la réserve
met en gage la forme
pour nulle part
et la hanche du vers
se retourne
. vers ce qui ne répond
ni questionne
nulle gêne pourtant
à résister envers
ce qui est ornement
mais blocus
. ainsi toujours vibre
le continu du rompredu rompre
car jamais il ne revient
que dans l’orage
en ce point qui est
le large et le focus
car elle l’a enfoui
à même la langue
où l’accueil du vide
la dérive et alimente
et vienne destruction
mais sauvegarde et joie
. où
le bleu du vide
mouille nos habits*
soleil feuilletant le feuillage
dans le vent d’or bruissant et respirant
si contre lui monte la grande eau d’ombre
. la nappe qui tombe a un goût d’épaule
c’est une odeur d’aisselle qui vient de l’herbe
le fond de sol a ce goût d’Ilona
. car elle mâche la broussaille d’odeur et de goût
elle mange la fumée et le parfum
elle froisse le bruissement entre ses mains
. et marque le bord du corps au rouge
la bouche des lèvres et des jambes
l’écartement du bois en éclat
. bras et cuisses confondues vivantes
j’entre visage dans votre fraîcheur
mains et membres à pleine couleur
et démêlent ligne dans ligne
je vous regarde durant le regard
dans ce moment où choses se font
et respire votre regardée
et vous enfouis avec qui s’enfonce
dans ce fond où ça se défonce
Revue « Po&sie, N°83, 1998
Editions Belin, 1998
Du même auteur :
Al Djezaïr (14/12/2015)
« Le visage qui va… » (14/12/2016)
Partage des eaux (14/12/2017)
Droit de suite. I (14/12/2018)
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