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Le bar à poèmes
14 décembre 2024

Jean-Pierre Faye (1925 -) : Car in –

 

Car in-

 

    
                                                            Car in-


Car inouïe est la pénétration d’œil contre œil


les yeux enchâssés dans l’autre brillante


regard ciblé dans regard. visage à


. visage ça brille l’un dans une


autre. sous les cheveux et sur


la bouche et tout au long


. des deux lèvres éclatées en fleur


car inapaisée la lumière qui bouge


d’œil en œil et d’entre lèvres


. quand elle descend, alcool et fait chaud


dans les jambes et brûle dans l’entre


genoux et remonte aux hanches


. car inépuisable la danse de la lueur


joue iris pupille et blancheur


noire des regards l’une vers l’autre


. mais les mains rencontrent de loin


l’ambre noire au doigt portant l’image blanche


car inexpiable est la croisade des yeux


. et la sainte guerre des yeux se prolonge


là où tu es qui regarde regardée


où tu es la devenue rivière qui s’allonge


. car inattendue à ton bord : tu n’est pas gardée

 

 


                                                           question sur


                                                            – poésie –


contrainte du vers


                                          est supposition sur la langue


mais simple brûlure de bougie


                                          en dispense


et éviter le conte


                                          n’est pas compter


. mais être réservé


                                          envers la réserve


met en gage la forme


                                          pour nulle part


et la hanche du vers


                                          se retourne


. vers ce qui ne répond


                                          ni questionne


nulle gêne pourtant


                                          à résister envers


ce qui est ornement


                                          mais blocus


. ainsi toujours vibre


                                          le continu du rompredu rompre


car jamais il ne revient


                                          que dans l’orage


en ce point qui est


le large et le focus


                                          car elle l’a enfoui


à même la langue


                                          où l’accueil du vide


la dérive et alimente


                                          et vienne destruction


mais sauvegarde et joie


. où


        le bleu du vide


                                          mouille nos habits*


soleil feuilletant le feuillage


dans le vent d’or bruissant et respirant


si contre lui monte la grande eau d’ombre


. la nappe qui tombe a un goût d’épaule


c’est une odeur d’aisselle qui vient de l’herbe


le fond de sol a ce goût d’Ilona


. car elle mâche la broussaille d’odeur et de goût


elle mange la fumée et le parfum


elle froisse le bruissement entre ses mains


. et marque le bord du corps au rouge


la bouche des lèvres et des jambes


l’écartement du bois en éclat


. bras et cuisses confondues vivantes

 

 

 

 

 

j’entre visage dans votre fraîcheur

mains et membres à pleine couleur

et démêlent ligne dans ligne

je vous regarde durant le regard

dans ce moment où choses se font

et respire votre regardée

et vous enfouis avec qui s’enfonce

dans ce fond où ça se défonce

 

 

Revue « Po&sie, N°83, 1998

Editions Belin, 1998

Du même auteur :

Al Djezaïr (14/12/2015)

« Le visage qui va… » (14/12/2016)

Partage des eaux (14/12/2017)

Droit de suite. I (14/12/2018)

« Un peuple s’étend... » (14/12/2019)

Dessin inlassable (14/12/2020)

Sélinonte (14/12/2022)

Je voudrai te connaître (14/12/2023)

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