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Le bar à poèmes
1 novembre 2024

Christian Prigent (1945 -) : Légende de Gino Bartali

 

Légende de Gino Bartali

 

L’homme qu’a vu l’homme qu’a vu Coppi qu’à

Vu Bartali c’est pas au piano Pa                                                                            1979    

Olo Conte olé ra tza tza ! c’est toi

Chino (piccolo, vers l’an cinquante-trois) :     

Tza tza ra za za quanta ne ha fatta ! 

 

Sur papier Miroir-Sprint en fripé sépia

Suce la roue du mal nommé belge Sorge-

Loos avec ton masque déjà de morgue,

Coppi !                                                                                                                  1959

             (il pioche au trimard tout pâlichon

Pas loin de l’évanouissement sur fond

D’horizon soleil rasant : rose, azzurro

Passent quasi djà morts aux nuits de zéro

Couleur)

             L’ombre derrière (frrtt : rebobine)

Bombe un nimbus vert blanc rouge il bruine

De çà des soupirs c’est de la bouche de

Ton père qu’a expiré ce souffle peu                                                                       1953

Précis : « ah, Bartali ! » puis motus (t’as qu’à

T’informer, marmot : moi j’ai mon quant-à-moi

Qui me réclame, basta, je suis pas là,

Coppi non plus, Bartali n’en parlons pas)

 

 

 

Donc parlons-en :

                              ce fut au moment quasi

Précis où tu (encor quasi singe) acquis

La vie (et bientôt tu auras en plus un

Vélo), quarante-huit, çà y est il revient,

 

Anda ! Oyez sa charade : Un, un bistrot / Deux,

Des quantités / Trois, pieu / Mon tout : Gino le pieux !

Bar-Tas-Lit ! Il Vecchio ! L’Uomo di ferro !

Con occhio triste ! Il Ginetaccio ! ô,

Sa casquette à mouchoir spahi sur l’arrière

Façon Gary Cooper suant légionnaire !

Son dévalé de nez boxeur esquinté !

Et le cheveu plaqué au sirop sucré !                                                                      1948

 

Plein les deux tétons de bidons au guidon

C’est (Mamma mia !) ni latte ni natron

D’pot belge ni amphètes ni cortisone

Ni foutu coktail cocottant la bombonne

D’EPO (Santa Madonna !) mais bibine

D’eau bénite sans bulles ni grenadine

 

A l’arrivée d’étape : hop là, la cibiche !

Er de don Bruno (son confesseur fortiche

En catéchisme et kinésithérapie)

Le double massage (du mollet / du spi

Rituel)

            mais papillotés planqués au creux

De sa potence les petits bleus (ou pneus)

Au nez et barbe des fans mussolignés

A la Résistance en clandé à livrer

 

Ou les photos et faux papiers dans les cornes

De son guidon (aller / retour 300 bornes)

Et pour avoir ainsi sauvé des juifs à

Yad Vashem il a son nom inscrit : hourra !

 

Ah se non fosse questa porca guerra

Le Tour il n’en aurait pas vinto deux ma

Huit – car huit est le chiffre écrit en tuyau

Sur son dos par l’arabesque des boyaux

Et 8 mis à plat c’est quasi (∞) l’infini :

Tant pis pour le faustien gringalet Coppi

 

(Te grogne papa qui à ce moment-là

A daigné lever son naseau de L’Huma)

 

Chi va piano ? sano ? chi vaffanculo ?

Corvino Fausto le gigolo du Pô ?

O Corbaccio Gino de San Casciano,

Le bigot pecnot mode mezzorgiono ?

 

Ils se véloleraient encor dans les plumes

Si on les laissait pédaler posthumes !

 

Vazy Paolo, repoumone en joie : tza

Tza za ra quanta strada hanno fatta !

 

Note de l’auteur : Le cycliste italien Gino Bartali a remporté les Tours de France 1938 et 1948.

Sa rivalité avec son jeune compatriote, le « campionissimo » Fausto Coppi, est restée célèbre.

Pendant la Seconde Guerre mondiale il fut agent de liaison pour la Résistance italienne. Son

action a contribué à sauver plusieurs Juifs et son nom a été inscrit à ce titre parmi les Justes du

Mémorial de Yad Vashem à Jérusaleme. En 1979, le musicien Paolo Conte a consacré une chanson

à Bartali.

 

 

Chino aime le sport

P.O.L éditeur, 2017

Du même auteur : Madrigal (23/08/2014)

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