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Le bar à poèmes
9 juillet 2024

Jacob van Hoddis (1887 – 1942) : Matin / Morgens

Plume, pinceau et encre noire, sur graphite (recto), sur papier vélin ivoire par Ludwig  Meidner, 1914

 

Matin

 

Un vent violent s’est levé.

Ouvre les portes en sang du ciel de fer.    

Frappe aux tours.    

Claque comme un fouet sonore sur le fer étale de la ville.

Soleil d’un matin de suie. Sur les remblais tonnent les trains.

Dans les nuages des charrues d’ange font un labour d’or.

Vent violent sur la ville blême.

Vapeurs et grues s’éveillent le long du fleuve et son flot sale.

Le bourdon contrarié cogne au clocher pourri.

Tu vois toutes ces femmes et ces filles qui vont au travail.

Dans une lumière blême. Encore sauvage de la nuit. Leurs jupes soufflent.

Membres faits pour l’amour.

Bons pour la machine et des grincements de bagne.

Jette un regard dans la lumière fragile.

Dans le vert fragile des arbres,

Ecoute ! Les cris des moineaux.

Et dehors sur les champs sauvages

Un chant d’alouettes.

 

 

Traduits de l’allemand par Dominique Tassel

In, revue « La barque dans l’arbre, N°4/5, Hiver 2020-2021 »

Editions La Barque, 35000 Rennes

Du même auteur : Fin du monde / Weltende (09/07/2023)

 

 

Morgens

 

Ein starker Wind sprang empor.

Öffnet des eisernen Himmels blutende Tore.

 Schlägt an die Türme.

Hellklingend laut geschmeidig über die eherne Ebene der Stadt.

Die Morgensonne rußig. Auf Dämmen donnern Züge.

Durch Wolken pflügen goldne Engelspflüge.

Starker Wind über der bleichen Stadt.

Dampfer und Kräne erwachen am schmutzig fließenden Strom.

Verdrossen klopfen die Glocken am verwitterten Dom.

Viele Weiber siehst Du und Mädchen zur Arbeit gehn.

 Im bleichen Licht. Wild von der Nacht. Ihre Röcke wehn,

Glieder zur Liebe geschaffen. Hin zur Maschine und mürrischem Mühn.

Sieh in das zärtliche Licht.

In der Bäume zärtliches Grün.

Horch! Die Spatzen schrein.

Und draußen auf wilderen Feldern

Singen Lerchen.

Poème précédent en allemand :

Thomas Bernhard: « Pourquoi ai-je peur de vieillir... » / « Warum fürchte ich mein Altern... » (23/06/2024)

Poème suivant en allemand :

Joseph Freiherr von Eichendorff  : Nuit de lune / Mondnacht (19/08/2024)

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