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Le bar à poèmes
11 juillet 2024

Heinrich Von Morungen (1150 – 1222) : « Quelqu’un vit-il la noble dame... » / « Sach ieman die vrouwen... »

 

Heinrich von Morungen représenté dans le  Codex Manesse, début du xive siècle.

 

Quelqu’un vit-il la noble dame

qu’on peut là-bas contempler

à sa fenêtre debout ?

La tant belle femme

me délivre de tous

les soucis que j’ai.

Elle luit comme le soleil,

quand monte le clair matin.

Celui-ci était caché

et je n’avais que soucis,

lesquels je veux çà laisser.

 

Est-il ici qui encore

aura par soi conservé

son bon sens tout entier ?

Qu’il aille trouver la belle

qui d’ici s’en est allée

avec sa couronne.

Pour qu’avant que je ne meure

elle vienne me conforter.

La joie et puis la douleur

risquent fort, conjointement,

de m’emmener au tombeau.

 

On écrira en fines lettres

sur la pierre funéraire

qui fermera mon tombeau

comme chère elle me fut

et combien je lui fus peu

Que ceux qui m’iront dessus,

lisent la mienne misère

et qu’ils prennent connaissance        

du très grand péché

qu’envers son ami

elle a commis.

 

Traduit de l’allemand par Danielle Buschinger et Jean-Pierre Lefebvre

In « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (Pléiade), 1995

 

Quelqu’un a-t-il aperçu la noble dame

qu’on peut voir

debout à la fenêtre?

Cette femme si belle

me délivre des soucis

que je peux avoir.

Elle rayonne comme le soleil,

quand monte le clair matin.

Jusque-là il était caché.

Avant j’avais des soucis,

Je vais les quitter.

 

Y a-t-il ici quelqu’un

qui ait encore conservé

son bon sens?

Qu’il aille trouver la belle dame,

qui avec sa couronne

s’en est allée.

.

Pour qu’elle vienne me réconforter

avant que je ne meure !

La joie et la peine

réunies, risquent

de me mettre au tombeau.

 

On écrira en fines lettres

sur la dalle

qui fermera mon tombeau

combien elle m’était chère

et combien je lui était indifférent.

Quiconque marchera sur moi

qu’il lise ce tourment,

et qu’il prenne connaissance

du très grand péché

qu’elle a commis

envers son ami.

 

Traduit du moyen-haut allemand par

Danielle Buschinger, Marie-Renée Diot

Et Wolfgang Spiewok

In, « Poésie d’amour du Moyen Age allemand »

Union Générale d’Editions (10/18), 1993

Du même auteur :

« Des regards douloureux... » / « Leitlîche blicke... » (11/04/2018)

« Jamais, saisi d’une telle allégresse... » / « In sô hôher swebender wunne ... » (11/04/2019)

« Il arrive qu’un homme... » / « Von del elben wirt entsehen... »  (11/04/2020)

« Las !... » / « Owê,.. » (11/04/2021)

« Je crois qu’il n’y a personne... » / « Ich waene, nieman lebe... » (11/04/2022)

 

 

Sach ieman die vrouwen,

die man mac schouwen

in dem venster stân ?

diu vil wolgetâne

diu tuot mich âne

sorgen, die ich hân.

Si liuhthet sam der sunne tuot

gegen dem liehten morgen.

ê was si verborgen.

dô muost ich sorgen.

die wil ich nu lân.

 

Ist aber ieman hinne,

der sîne sinne

her behalten habe ?

der gê nach der schônen,

diu mit ir krônen

gie von hinnen abe ;

Daz si mir ze trôste kome,

ê daz ich verscheide.

diu liebe und diu leide

diu wellen mich beide

vürden hin ze grabe.

 

Wan sol schrîben kleine

reht ûf dem steine,

der mîn grap bevât,

wie liep sî mir waere

un ich ir unmaere ;

swer danne über mich gât,

Das der lese dise nôt

und ir gewinne künde,

der vil grôzen sünde,

die sî an ir vrûnde

her begangen hât.

 

 

Poème précédent en moyen haut-allemand :

Ulrich von Lichtenstein : « Je ne sais comment chanter... » / « Ich weiz wiech singe... » (22/05/2024)

Poème suivant en moyen haut-allemand :

Der von Kürenberg  : « J’avais, plus d’une année... » / « Ich zôch mir einen valken (30/07/2024)

 

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