Claude Beausoleil (1948 – 2020) : « Une détresse par jour... »
Une détresse par jour
dans la survie des corps
une seule fatigue
qui reprendrait l’instinct
un grésillement
une seconde
et tout recommence
on s’allonge dans le bleu
dans l’envers des rencontres
on plonge et on se voit
pris dans les mêlées qui montent
un courage par journée
pour l’émerveillement
une seule pulsion
qui fend l’air des autres
un regard souvent
ou encore le vent et la lumière
c’est la circulation
l’attente au repos
dans des chambres d’écriture
à projeter l’instant
qui découvre et se retire
dans une fiction aiguë une fiction.
*
qui bascule dans les génériques de couleur
avec des situations complexes comme discussion
une page s’allonge et nous prête sa bouche
nous étions écrivains et parlions de dicible
ce temps nous appartient qui nous regarde
en plein au coeur des choses
et je ne dresserai que les mots comme départ
ni la nonchalance ni l’amertume ni les mirages
rien non rien ne sera plus présent que l’écrit
cat si j’écris c’est que se posent devant moi
les décloisonnements de l’illimité
poursuite de l’idée
se cacher du relent
envers aux prises avec la saveur
ville muette
ville falaise
ville dorsale
comme d’un écran qui plie
comme d’une charpente fragile
Dans la matière rêvant comme d’une émeute
Ecrits des forges, Tros-Rivières (Québec), 1982