Chen Zao (1133 – 1203) : Chanson des fermiers
La cueillette des vers à soie : Zhu Gui, graveur ; Jiao Bingzhen, dessinateur ; Qing Shengzu Xuanye, auteur.Édition xylographique illustrée, rehaussée de couleurs, 34,5 x 28 cm, relié en accordéon entre deux ais de bois précieux. Pékin, Presses impériales du Wuyingdian, 1969 (BnF, département des Manuscrits)
Chanson des fermiers
Les blés montent dans les chants, les vers à soie débordent des paniers,
En cette saison, seuls les paysans s’affairent.
Une demi-lune de ciel clair, une nuit pluvieuse,
Avant-hier, les terres à blé se couvraient de pousses vertes.
Belles et humides journées viennent rarement quand on veut,
Epouses derrière, maris devant, tous s’emploient à la tâche.
Dans l’air frais vif et la preste tiédeur, les cocons changent vite en papillons,
La première dame file la soie, la seconde la tisse.
Et quand elle cesse, oisive, elle se farde de poudre de plomb,
Moins soucieuse qu’elle est de l’avenir du clan.
Le repas est tout chaud mais qui pourrait à temps l’avaler ?
A la peine, on entendra que finisse le travail de la soie.
La dernière dame, tout récemment mariée, est, elle, plus à l’aise,
Elle reste tout le jour avec sa belle-mère à jouer plaisamment.
Puisse l’année prochaine être tout aussi profuse et qu’on puisse engranger
L’orge comme le blé, qu’abondent la ouate et la soie !
Dernière épousée, ne refuse donc pas de porter la palanche,
La première dame tu soulageras, qui toujours devance la mère.
Traduit du chinois par Stéphane Feuillas
in, « Anthologie de la poésie chinoise »
Editions Gallimard (La Pléiade), 2015
Du même auteur : Ecrit sur un mur de l’éminent talent Zhao (18/01/2025)