Zéno Bianu (1950 -) : Danseurs de paradis
- © Hélie
Danseurs de paradis
jusqu’à la fin des temps
et plus loin encore
dans tout ce bleu
qui n’est que toi
jusqu’à la fin des mondes
et plus loin encore
bien plus loin
sans jamais rien comprendre
dans tout ce bleu
qui n’est que toi
je remonte
vers la source
des hommes-questions
vers tous ceux
qui interrogent
la source sans source
je remonte vers l’intérieur de tout
mille astres noirs
au fond de mes poches
je mets lentement au jour
cette force d’éden
de cœur en cœur
de lèvre en lèvre
de vie envie
l’univers tout entier
suspendu
au visage d’une femme
je mets du baume
au monde
je marche l’immensité
je glisse et reglisse
le long des désolations
je remonte
vers les cendres fertiles
au jour le jour
а la nuit la nuit
j’écoute sans relâche
cette voix qui parle en moi
je l’écoute
aimanté par l’impossible
aimanté
par le fond des mondes
oui je dérive
vers la nuit de la nuit
je m’abandonne
aux avant-postes
des grands effondrements
je remonte
en fièvre pétrifiée
en étincelante déploration
mon âge se compte
en milliers d’étoiles
dans tout ce bleu
qui n’est que toi
j’accueille le jamais plus
comme si l’inquiétude
ne pouvait plus neiger en moi
dans tout ce bleu
qui n’est que toi
comme au premier jour
et les villes basculent
et les fleuves rebroussent
chemin
dans la profondeur
des profondeurs
la sève circule
chez les danseurs de paradis
Revue « N4728, N°12 »
Le Chant des Mots, 49130, Les-Ponts-de-Cé, 2007
Du même auteur : Fugue (03/11/2019)