Salah Al Hamdani (1951 -) : Partie sans me dire qu’elle m’aimait
Partie sans me dire qu’elle m’aimait
Elle est morte sans me dire qu’elle m’aimait
Je veux m’allonger comme un soldat vaincu
menotté par le marécage de la lune, une étoile en laisse à la main
et dans la bouche, un mot imprononçable
La journée est un bateau luisant dans l’improbable
Et la lumière se précipite dans un « je ne sais quoi »
La mort de ma mère est un mirage d’oiseaux infirmes
une terre qui émigre au pays de la sécheresse
Elle m’attend là-bas avec un sourire extravagant
Les mots sans origine
se brisent en moi
comme des nuages affolés
Il faut que je m’adresse à elle :
Tu vois, je fabrique un vent doux pour tes cheveux
et pour ton départ éternel
que des milliers de juments
veillent sur tes cendres
Tu gis à présent entre des feuilles et des soupçons de mort
Alors ne tousse pas, ne prie pas, ne meurt plus
Sache que la poussière dans ta bouche est déjà mienne
Un jour je reviendrai vers toi
portant le fardeau d’un vent léger
et j’arrimerai les bords flottant de ton attente
sans peur
je m’accrocherai à l’empreinte de tes pas
prêt à sauter à la gorge de la mort
Je ne veux pas regarder en arrière
je veux simplement
m’élancer avec toi.
Traduit de l’arabe par l’auteur et Isabelle Lagny
In, « Il fait un temps de poème. Volume 3 :
80 poètes par temps d’urgence.
Anthologie établie par Yvon Le Men »
La rumeur libre éditions, 2023
Du même auteur : Au cœur de Bagdad (11/09/2021)