François Cheng (1929 -) : Cinq quatrains
Cinq Quatrains
Rien ne peut plus faire
que tu n’aies pas vécu ;
Rien ne peut faire taire
ton âme mise à nu
.
***
Avoir dit tant de fois adieu,
tu te trouves de l’autre côté.
Toute une vie de déchirures
que renvoie un miroir brisé.
***
Même éclatée en morceaux
Tu restes don du feu, toi, pierre
Témoin de la prime gloire,
inextinguible étincelle.
***
D’un coup de faucille, la lune éventre la mer,
sang répandu entrailles versées, ô drame cosmique
Dès le début ! Est-ce l’amour, est-ce la haine ?
lune de marée, marée de lune, passion unique.
***
Que de fois, un rendez-vous manqué nous laisse
désemparés ; l’être attendu n’est pas là.
Que de fois, l’Autre est là, mais n’ayant point
croisé notre regard, sans bruit, il s’en va.
Haute tension. Poésies françaises d’aujourd’hui
Le Castor Astral, 2022
Du même auteur :
Un jour, les pierres (I) (15/052014)
« L'infini n'est autre… » (15/05/2015)
Un jour, les pierres (II) (15/05/2016)
« Demeure ici… » (15/05/2017)
Un jour, les pierres (III) (05/05/2018)
L’arbre en nous a parlé (I) (05/05/2019)
L’arbre en nous a parlé (II) (05/05/2020)
L’arbre en nous a parlé (III) (05/05/2021)
Cantos toscans (I) (05/05/2022)
Neuf nocturnes (05/05/2024)