Claude Vigée (1921 -2020) : « Parfois je crois surprendre... » / « Mànischmool glaawi... »
Parfois je crois surprendre un écho dans l’oreille
de ces mots murmurés,
que des voix de jadis, depuis longtemps perdues,
disaient presqu’en silence :
ainsi suinte la pluie de campagne en automne
à travers les feuilles mortes, avec tant de patience,
à la lisière du petit bois de chêne gris et touffus
où le Ruisseau-Rouge chuchote,
puis elle s’enfuit goutte à goutte dans la terre,
à pas de souriceaux, comme fait la semence,
par le chemin profond
la sente aux orties noires.
Traduit de l’alsacien par l’auteur
Du même auteur :
L’eau des sombres abysses (03/04/2015)
La clef de l’origine (03/04/2016)
Noyau pulsant (03/04/2017)
« Entre la terre obscure… » (03/04/2018)
Dans le défilé (27/04/2019)
Passant près d’un banc vide / Ich geh àm e läre bänkel verbéi (27/04/2020)
La fin à l’horizon / Bâll schpeetsummer (27/04/2021)
Pâque de la parole (27/04/2022)
Hors des matrices du sel (27/04/2024)
Mànischmool glaawi, s’hängt mr noch ebbs ém ohr
vun denne gemurmelde werder
wu längscht vergesseni schtémme frihr
ganz lîsli henn gsààt :
so rieselt dr làndraaje ém schpootjohr
geduldi durisch dérri blédder,
àm rànd vum gröje laubwàld
wu’s Rootbäschel rüscht ;
un drepfelt dànn én d’ärd
mîseleschtéll wie soot
gànz diéf dort drunde,
ém schwàrze sengessel pfààd.
Schwàrzi senggessle flàckere ém wénd /
Les orties noires flottent dans le vent
Editions Flammarion,1984