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Le bar à poèmes
18 avril 2023

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Le paradis sur les toits / Il paradiso sui tetti

pavese-orig[1]Cesare Pavese — Fonte: Ansa

 

Le paradis sur les toits

 

Le jour sera tranquille, froidement lumineux

comme le soleil qui naît ou qui meurt

et la vitre hors du ciel retiendra l’air souillé.

 

On s’éveille un matin, une fois pour toujours,

dans la douce chaleur du dernier sommeil : l’ombre

sera comme cette douce chaleur. Par la vaste fenêtre

un ciel plus vaste encore remplira la chambre.

De l’escalier gravi une fois pour toujours

ne viendront plus ni voix ni visages défunts.

 

Il sera inutile de se lever du lit.

Seule l’aube entrera dans la chambre déserte.

La fenêtre suffira à vêtir chaque chose

d’une clarté tranquille, une lumière presque.

Elle posera une ombre décharnée sur le visage étendu.

Les souvenirs seront des nœuds d’ombre

tapis comme de vieilles braises

dans la cheminée. Le souvenir sera la flamme

qui mordait hier encore dans le regard éteint.

 

 

Traduit de l’italien par Gilles de Van

In, Cesare Pavese : « Travailler fatigue. La mort viendra

et elle aura tes yeux ».

Editions Gallimard, 1969

Du même auteur :

Paysage (18/04/2016)

La terre et la mort (18/04/2017)

 La mort viendra et elle aura tes yeux / Verrà la morte e avrà i tuoi occhi (18/04/2018)

Paysage VIII / Paesaggio VIII (18/04/2019)

Femmes passionnées / Donne appassionate (18/04/2020)

Eté – Eté 1 / Estate – Estate I (18/04/2021)

L’Etoile du matin / Lo steddazzu (05/10/2021)

Dépaysement / Gente Spaesata (18/04/2022)

Manie de solitude / Mania di solitudine (05/10/2022)

Marc en septembre / Grappa a settembre (18/04/2024)

 

Il paradiso sui tetti

 

Sarà un giorno tranquillo, di luce fredda

come il sole che nasce o che muore, e il vetro

chiuderà l’aria sudicia fuori del cielo.

 

Ci si sveglia un mattino, una volta per sempre,

nel tepore dell’ultimo sonno: l’ombra

sarà come il tepore. Empirà la stanza

per la grande finestra un cielo più grande.

Dalla scala salita un giorno per sempre

non verranno più voci, né visi morti.

 

Non sarà necessario lasciare il letto.

Solo l’alba entrerà nella stanza vuota

Basterà la finestra a vestire ogni cosa

di un chiarore tranquillo, quasi una luce.

Poserò un’ombra scarna sul volto supino.

I ricordi saranno dei grumi d’ombra

appiattati così come vecchia brace

nel camino. Il ricordo sarà la vampa

che ancor ieri mordeva negli occhi spenti.

 

Poème précédent en italien :

Salvatore Quasimodo : Les retours / I Ritorni (15/04/2023)

Poème suivant en italien :

Cielo d’Acalmo : Contraste / Contrasto (22/07/2023)

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