Choi Seung-Ho / 최승호 (1954 -) : Je respire
Je respire
C’est merveilleux ! Je respire sans arrêt
Même quand je dors profondément
Je respire sans m’arrêter
Par le ventre
Avec les feuilles pleines de stomates, la veille Terre
En toutes les étoiles qui tournent dans la Voie lactée.
Je respire sans m’arrêter, au grand jour,
Avec les bœufs, le soleil,
Les ailes qui s’envolent, les gouttes d’eau, les lucanes,
Avec les nuages blancs et la lune de plein jour,
Je respire, en ces jours où
Diminue le bruit de la respiration des hommes,
En ces jours où grandissent toujours plus
Le bruit du métal
Et le bruit des haut-parleurs des autorités
C’est étouffant ! Je respire
Sans avoir ni de solides bronches,
Ni une grande capacité respiratoire,
Ni des poumons sains à remplacer
En m’ouvrant la poitrine
Comme un poisson qui ouvre grand
Sa bouche dans l’air
Sans pouvoir aspirer son oxygène à satiété
Comme un vieux prisonnier épuisé
Par son emprisonnement
En haletant de temps en temps
Et en toussaillant lugubrement
Je respire sans m’arrêter
Et avec toutes les étoiles qui tournent dans la Voie lactée
Je tournerai même après ma mort
Traduit du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot
in, Choi Seung-ho : « Alerte à la neige »
Editions Autres Temps, 13420 Gémenos, 2007
Du même auteur :
La force de la nuit (31/01/2020)
De la soupe piquante (31/01/2021)
Le train n° 244 (31/01/2022)
La montagne en hiver (31/01/2024)