Kamal Ibrahim (1942 - 2021) : Soir inédit
Soir inédit
Je pose en vie
Montré d’une chemise
A quatre envies d’une rouille
Qui me verse une faute à manger
Je crie dans l’usure d’une tige
Je source à taper la vie
Je neige enfin et me demande
Mon père m’a lu comme une encre de rage
Ma mère s’est défaite et mon sang s’est retiré
J’ai pris ma pelle alors comme un bien sinistre
Fauchant la mort j’ai mangé comme il faut
Le bruit qui tête le fer comme une terre éteinte
Le cri qui flâne à côté des oursins
Ne mangent qu’un poème par an
Il y a aussi la touffe de pierres
Le corps versé dans un autre fracas
Je lève un chacal au bord de la nuit
Je taille mes rêves je mâche mes fleurs
Je coule un baiser rocheux qui retriste
Un blé convalescent me câble un désir
J’opaque enfin je puisque
Je source au lait
J’ombre et je tige
Je ressangs comme un fracas
J’entre dans la peur repeinte
Des rêves me chaussent comme un poignard
Je cumule la mort comme une vacance
Comme un cri chargé d’oliviers
Comme un soeur qui mange tout l’hiver
Je verse mon corps dans le vent goutte à goutte
Il pleut souvent quand je lave ma peur
Un rêve qui triple à mon doigt
Un arbre ouvert que je souple
Comme mes touches de lait
Une plaie qui pèse un ange à la bascule
Du temps
Un lit comme un nid d’absences
Ca rejambe au toucher
Comme une cuisse qui épluche une bêtise
Pour mettre la mort à la place du dos
Ca cuivre dans le bleu qui s’énorme
Ca ressang comme un gros adieu
Dans le ventre qui s’enclume on cogne un enfant
On pose un cri à l’entendre crâne
Il fait chez Sang deux anges électriques
Trois vies qui mangent du PEUT-ETRE
Un œil qui ferme un volet
Il neige à vie chez Ventre Clitophaible
Je tousse en vrac les gros Avrils
Il fait du corps au là des jambes
Je pose mon crime à côté de Nuit
Je trie mes tempes
Je bruis
La mort viande
Editions P.J. Oswald, 1974
Du même auteur :
La mort viande (20/11/2019)
D’un sang à l’autre (20/11/2020)
Sang déplié (20/11/2021)
Ventre articulé (20/11/2023)