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Le bar à poèmes
4 juin 2022

Jacques Prevel (1915 – 1951) : « Que chaque parole... »

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"Portrait de Jacques Marie Prevel", dessin d' Antonin Artaud, 1947 (Centre Pompidou, Paris)

 

 

Que chaque parole me soit comme un bruit de ressac

Et qu’importe que mon sang coule et que je sois meurtri

Je ne périrai pas si je ne fais pas un geste affolé

Pour arrêter cette course située dans l’élargissement incandescent de la durée

Je ne périrai pas

Si ma voix ne s’élève que pour conjuguer le sarcasme avec ce vertige de me

      reconnaître

Et non pour demander que s’arrêtent cette mort et cette survie qui m’ont scalpé

Depuis je ne sais combien d’années au long des siècles

Dans la gigantesque dérision du temps

Car je me souviens d’une explosion de laves englouties

Dans une glissade immobile où tout était situé dans la parenthèse éternelle

Et ratifié par le surgissement saccadé de je ne sais quelle sourde et sauvage mélopée

 

En dérive vers l’absolu

Editions Seghers, 1952

Du même auteur :

 « Dans le temps, dans la nuit... » (04/06/2014)

« Ce que je peux dire… » (04/06/2015)

« Enfant je me suis étonné… » (04/06/2016)

« Au moment d’écrire… » (04/06/2017)

« J’ai souffert... » (04/06/2018)

En dérive vers l’absolu (04/06/2019)

Tous nos amis sont morts (04/06/2020)

 « J’ai tout jeté dans l’extase... » (04/06/2021)

Je suis un homme à même un monde... (04/06/2023)

Je t’ai raconté l’histoire 04/06/2024)

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