Jacques Prevel (1915 – 1951) : « Que chaque parole... »
"Portrait de Jacques Marie Prevel", dessin d' Antonin Artaud, 1947 (Centre Pompidou, Paris)
Que chaque parole me soit comme un bruit de ressac
Et qu’importe que mon sang coule et que je sois meurtri
Je ne périrai pas si je ne fais pas un geste affolé
Pour arrêter cette course située dans l’élargissement incandescent de la durée
Je ne périrai pas
Si ma voix ne s’élève que pour conjuguer le sarcasme avec ce vertige de me
reconnaître
Et non pour demander que s’arrêtent cette mort et cette survie qui m’ont scalpé
Depuis je ne sais combien d’années au long des siècles
Dans la gigantesque dérision du temps
Car je me souviens d’une explosion de laves englouties
Dans une glissade immobile où tout était situé dans la parenthèse éternelle
Et ratifié par le surgissement saccadé de je ne sais quelle sourde et sauvage mélopée
En dérive vers l’absolu
Editions Seghers, 1952
Du même auteur :
« Dans le temps, dans la nuit... » (04/06/2014)
« Ce que je peux dire… » (04/06/2015)
« Enfant je me suis étonné… » (04/06/2016)
« Au moment d’écrire… » (04/06/2017)
« J’ai souffert... » (04/06/2018)
En dérive vers l’absolu (04/06/2019)
Tous nos amis sont morts (04/06/2020)
« J’ai tout jeté dans l’extase... » (04/06/2021)
Je suis un homme à même un monde... (04/06/2023)
Je t’ai raconté l’histoire 04/06/2024)