Oiseaux mohicans

Quand on meurt a-t-on le DROIT

de radoter sa vie ?

Et dans le fauteuil du car je m’assieds

dans la chaleur d’un autre

je découpe un article idiot dans le Niçois du Matin

(à Jouy est Brigitte

son bureau ouvert sur les prairies

et les taureaux reproducteurs)

Je pense à cela vers Monaco

l’écriture danse dans les virages

une fille verte qui passe en solex

- mais mon exemple était celui de...

tu ne peux pas savoir quel son déchiré

faisait ton nom alors

(quand je m’en parlais bas à l’hôtel**)

Je lavais 50 couverts et des casseroles, des écumoires des moules

des saladiers des plats d’argent

LE PLUS DUR A RAVOIR C’EST LE FROMAGE RAPE

et l’eau chaude me montait par les bras

surgit en flot suant au visage

Denise

Maria

lisait les rides de mes mains

« toutes ces crispations dans le gras du pouce :

tu t’abaisses en amour »

- j’écoutais tout ce qu’on disait de moi

et rien que cela à peu près

le besoin de broderie que tu as par le haut

et par le bas

QUI VOIT SES VEINES VOIT SES PEINES

Turini Turini les oiseaux ont-ils le vertige

parfois

un soir un soir je rentrais très tard avec toi

un matin très tôt – et j’avais l’angoisse

des pleurs nous étions séparés

A vivre chaque jour dans l’imminence d’une catastrophe

qui arrivera bien sûr et qui cependant n’existe pas

ou à l’oublier complètement

(nous sommes séparés)

J’aurai honte Elle vomit et se fait avorter

J’aurai honte j’ai honte et je redessine

pour la nième fois une vierge d’Angelico

Braque est mort

Braque levend in her Louvre

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Oiseaux mohicans,

Editions Saint-Germain-des-Prés, 1969

Du même auteur :

Homme né en 1940 (11/03/2015)

Les chants désespérés (10/03/2016)

« au matin neuf… » (11/03/2017)

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