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Le bar à poèmes
10 septembre 2022

Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -) : « Il prend figure si vite, le vide... »

fos23_Paschalis_1X4A2508-768x512[1]Droits d'auteur : FOSPHOTOS / Andreas Simopoulos / Αντρέας Σιμόπουλος

 

Il prend figure si vite, le vide et apparaît

un ange, tel un rayon

dont la lumière parfois traverse l’air

et les vers luisants de la poussière soudain visibles tourbillonnent comme

     l’univers,

bataillons ailés, que bouche bée nous voyons se former, fruit d’un immatériel

     accouplement,

et les mots manquent pour une pareille apparition,

en suspens dans la chambre noire teintée de bleu,

sans plus d’image ou de figure qui résiste

à une telle confession.

 

*

 

Ô lieu désert avec tes palmiers et tes ruines

quelle parfaite image tu donnes de ce beau désastre,

dans ce lieu sans mémoire

où seule existe la rêverie – pierre en miettes

avec orgueil dressant son désastre

et lui dans les hauteurs battant des ailes

chassant inhumainement tout l’humain ;

des décombres sanglants sombrent à l’horizon,

dans cette même ivresse dont les crépuscules s’allument

où que se couchent les Hespérides.

 

*

 

Ailes rouges nuages bleus qu’importe

ce soir se déploie l’esprit – le ciel s’étant soûlé

tire le rideau dévoilant l’Ailleurs.

 

Il faut une profonde anesthésie, une sacrée hypnose,

pour voir ces couleurs

que l’âme seule peut totalement contempler.

 

Soir cru, sans cœur, tout en visions.

 

Traduit du grec par Michel Volkovitch

in, « Anthologie de la poésie grecque contemporaine, 1945 – 2000 »

Editions Gallimard (Poésie), 2000

Du même auteur :

Préhistoire (10/07/2014)

« Hauts paysages de l’ascension… »  (10/09/2015)

Première pluie 10/09/2016)

Cartographie de la lumière (10/09/2017)

L’ogre / Ο δράκος (10/09/2018)

Le chèvrefeuille (10/09/2019)

Tressaillement (10/09/2020)

Rustre (10/09/2021)

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