Robert Marteau (1925 – 2011) : « J’aime au linge... »
J’aime au linge associer la guêpe
Surtout si l’été fut clair et l’ombre striée
Par les fentes des volets. Le sang court plus vite
Dans les vaisseaux et on voit mieux les taches
Sur la peau des vipères. Même les ronces deviennent
Venimeuses, les femmes descendent vers la rive
Et regardent dans l’eau trembler leur corps
Parmi les peupliers. Le linge à cause des guêpes
Se fait ruche et guêpière, lacère les hanches,
Sur la mousse s’amoncelle et débordant des brouettes
Livre au courant ses taches, ses lunes, ses bouillons.
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Abandonne aux rivières le serpent et le linge
Au chariot la moisson, tes jambes aux brindilles
Laisse le feu couver et que l’oiseau s’envole
Déchire dans la croisée l’aptère qui s’y love
Plumes à l’orient fleuves au baldaquin
Tombant comme des cordes, vergers
Où les filles mûrissent et voient le jour
D’un arc à l’horizon voler comme une flèche lente
Dans le baquet des forges
Pal d’une licorne, jardin, défi,
Jeux de bague dont les mayas s’éprirent
Amour et mort balle et colombe.
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(Portrait avec des donateurs)
Poésie 1, N°34, Novembre-Décembre1973
Librairie Saint-Germain-des-Prés, Editeur, 1973
Du même auteur :
« Ne fais pas de ta vie un désert… » (27/08/2014)
« C’est ce que j’aime… » (27/08/2015)
« Un arbre éperdument… » (27/08/2016)
Brindilles au ciel (24/01/2018)
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